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enveloppe des fleurs ; celui des fleurs simples est alongé & pointu, & celui des fleurs doubles est renflé dans le centre, & aplati ou arrondi au sommet. Si on n’est pas familiarisé avec cette manière de distinguer les objets, on peut détacher quelques-uns de ces premiers boutons, & les ouvrir avec la pointe d’une épingle. Les boutons de fleurs simples sont composés de huit parties ; savoir, des quatre divisions du calice, vertes en dehors, & blanches en dedans, & des quatre pétales qui doivent composer la fleur. Les boutons à fleurs doubles offriront, outre les quatre divisions du calice, une infinité de très-petites feuilles ou pétales d’un blanc verdâtre : dès que leur nombre excédera celui de quatre, on peut être assuré que la fleur sera double.

Quant aux girofliers vivaces, on peut également les semer en place, quoiqu’ils ne donnent des fleurs que l’année suivante ; ils en seront plus beaux, plus forts, plus vigoureux, & ils fleuriront beaucoup plutôt, sur-tout si l’hiver est doux, comme dans les provinces méridionales ; car ils y seront en pleine fleur dans les mois de février, de mars & d’avril, suivant les circonstances de la saison ; & au premier printemps, dans les provinces du nord.

Il n’est pas possible de fixer l’époque où l’on doit semer les girofliers ; elle dépend & de la saison, & de la chaleur du pays que l’on habite. On peut & on doit, en général, semer dès que l’on ne craint plus l’effet des gelées d’hiver : comme celles du printemps sont casuelles, rares, & qu’il est facile d’en garantir l’endroit des semis, elles ne peuvent faire exception à cette loi. Si, comme dans les environs de Paris, où les fumiers de litière sont très-abondans, on a la facilité de faire des couches, & de les couvrir avec des cloches, on peut hâter les semailles ; mais il n’en résulte d’autre avantage que de hâter la fleuraison des quarantains, & quelquefois celle des girofliers vivaces. Ceux-ci, pour l’ordinaire, fleurissent seulement à la seconde année, ainsi que les girofliers biennes.

Lorsque la terre destinée à recevoir la graine, a été bien défoncée, ameublie, &c., on unit sa superficie on sème très-clair, & ensuite, avec les dents d’un râteau, on la remue à plusieurs reprises, afin d’enterrer la graine : on peut tout aussi bien semer dans de petits sillons ; la superficie est unie de nouveau, & recouverte de fumier menu ou de débris de paille courte. Si la terre est sèche, on fera très-bien d’arroser tout de suite mais légèrement, afin qu’elle ne tasse pas. Avant d’employer l’eau, on aura soin de la tenir pendant quelques heures au soleil.

III. De la conduite des semis & de la transplantation. Arroser dans le besoin, sarcler souvent, éclaircir les endroits trop garnis, sont les soins que les jeunes plantes exigent. On doit laisser l’espace de quatre pouces entre chaque pied. Communément on n’y regarde pas de si près, sur-tout quand on sème dans des pots, dans des caisses, &c., & on a tort : la première éducation influe beaucoup sur la suite. Si on a semé sur couche & sous des cloches, il faut donner de l’air aux plantes pendant autant de temps qu’on ne craint pas la fraîcheur ou des nuits ou de l’atmosphère, & laisser la plante exposée