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porté à la tête, d’une opiniâtre exposition aux ardeurs du soleil, des intempéries d’un air froid, humide & marécageux.

L’abus des saignées, des hémorragies fréquentes, des pertes très-considérables, le coït immodéré, les convulsions, les resserremens spasmodiques des nerfs, la métastase de quelqu’humeur hétérogène sur les nerfs optiques, une commotion violente dans le cerveau, la présence des vers dans l’estomac, une inflammation à l’œil ; enfin, tout excès possible, peuvent déterminer cette maladie.

D’après cela, il est aisé de voir que les vues curatives que l’on doit le proposer pour combattre avec succès la goutte sereine, se rapportent aux différentes causes qui la produisent. Si elle dépend d’une tendance d’humeurs vers la tête, ou d’une inflammation, les saignées du bras & du pied seront de la plus grande utilité. Si elle reconnoît pour cause la suppression du flux hémorroïdal, on appliquera des sangsues à l’anus. Si elle est l’effet d’une métastase sur les nerfs optiques, on appliquera des vésicatoires à la nuque ou au gras des jambes.

Les vermifuges, les antispasmodiques seront aussi très-appropriés, lorsqu’elle sera causée par la présence des vers & les resserremens spasmodiques des nerfs.

Mais si elle est subordonnée à la foiblesse des nerfs optiques, & des autres parties qui composent l’œil, la douche à la tête avec l’eau de balaruc & autres eaux thermales, a souvent procuré de bons effets. On exposera l’œil affecté à la vapeur de l’eau vulnéraire ou du baume de Pioraventi ; on le lavera, on le bassinera souvent avec la décoction des tiges de fenouil ou des feuilles de marrube, ou on les frottera avec la paume de la main imbibée d’eau de carmes ou de mélisse.

Le scorbut, les écrouelles, la vérole peuvent exciter la goutte sereine. Il faut alors prescrire au malade le traitement relatif à chacune de ces maladies : en vain emploieroit-on toute autre méthode, on échoueroit à coup sûr.

Les sudorifiques, tels que la salsepareille, la squine, les purgatifs, les sternutatoires, les cautères & les sétons sont toujours très-salutaires, si la goutte sereine dépend d’une abondance d’humeurs séreuses : mais leur emploi doit être dirigé par un homme de l’art. La réussite est dans la combinaison de ces différens remèdes : ils ne doivent pas être donnés indistinctement ; des circonstances peuvent déterminer l’emploi des uns, & faire différer l’application des autres. M, AM.


Goutte, Médecine vétérinaire. Cette maladie est très-rare dans les animaux. L’animal goutteux ne peut ni se tenir long-temps couché, ni marcher. L’articulation affectée de la goutte est douloureuse & chaude, les muscles qui entourent l’articulation, & ceux qui servent au mouvement des os articulés sont tendus, contractés, & permettent à peine à l’articulation de se mouvoir.

Nous n’avons observé cette maladie qu’une fois sur un bœuf âgé de huit ans. Cet animal ne pouvoit rendre aucun service ; il mangeoit beaucoup ; les deux jarrets & les deux