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des écorces d’arbres ; enfin, l’onguent de Saint-Fiacre. (Voyez ce mot).


Des différentes espèces de Greffes.


On en compte quatre ; 1°. les greffes par approche ; z°. les greffes en fentes ; 3°. les greffes par juxtaposition ; 4°. les greffes en écusson.


Section Première.

Des Greffes par approche.


Je place celle-ci la première parce qu’il me paroit très-probable que c’est d’après elle qu’est venue l’idée primitive des autres méthodes. Elle est due toute entièrement à la nature & non à la main de l’homme, qui l’a imité dans la suite.

La greffe, par approche simple, est la réunion ou incorporation de deux troncs ou deux branches qui se joignent, avec force par un ou par plusieurs points de contact. (Voy. Pl. XV, Fig. 1). On rencontre souvent, en parcourant les forêts, des exemples pareils. Le tronc de deux arbres assez voisins l’un de l’autre, se touchent en grossissant, & comme leur végétation est assez égale en force, ils le contre-buttent mutuellement & s’identifient tellement dans l’endroit de leur plus forte réunion, comme on le voit en A, qu’ils ne forment plus qu’un même arbre. La preuve est que, si l’on coupe en B l’un des deux pieds, les parties supérieures végéteront & suivront le cours des saisons. Il faut convenir cependant que la végétation des deux têtes ne sera pas aussi forte que si leurs pieds subsistoient, parce que les racines du tronc coupé ou supprimé ne porteront plus la sève à leur ancienne partie supérieure, & il faudra que celle du tronc qui subsiste, se divise dans les deux têtes. Les deux têtes languiront pendant quelques années ; mais insensiblement l’équilibre se rétablira par la distribution égale de la sève. Cette soustraction de l’un ou de l’autre pied d’arbre, peut avec raison être appelée un tour de force dans ce genre ; mais il prouve au moins le prodige, la vigueur & les ressources de la nature.

De la pression toujours agissante d’une partie du tronc contre l’autre, il résulte que l’écorce trop serrée ne jouit plus des bénéfices de l’air dans le point de contact, qu’elle s’y amincit, qu’elle se détruit également sur les deux troncs, qu’elle se porte vers l’endroit où elle n’est pas gênée & laisse l’aubier à nu ; enfin, l’une & l’autre forment un bourrelet, & ces deux bourrelets se rencontrant, s’identifient & ne forment plus qu’un seul corps. C’est par-là que deux arbres n’en font plus qu’un.

La greffe, par approche compliquée, s’exécute quelquefois aussi naturellement que la première ; mais le concours de plusieurs accidens est plus rare. On suppose que le tronc d’un arbre A, Fig. 2, ait été coupé ou cassé par un coup de vent ; que le tronc d’un arbre voisin B, par la position naturelle ou forcée, soit couché sur le premier & s’y appuyé fortement : il est clair qu’à la moindre agitation du vent, le biseau de l’arbre coupé froissera & écorchera le tronc de l’arbre B à l’endroit de leur réunion. La pression &