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& de la fixer à la hauteur que l’on désire. À cet effet, on choisit les brins les mieux venans, & on les émonde pendant les deux premières années. Si la tige est trop maigre & trop fluette, on rabat, chaque année, les branches du sommet, & on ne leur laisse qu’un œil ou deux ; alors la tige se fortifie. Lorsqu’on s’aperçoit que cette tige ne se charge pas de boutons dans sa longueur, c’est le moment de former la tête, parce que la sève s’y porte avec abondance & ne s’extravase plus dans son cours. On dispose ses branches dans l’intention de lui faire représenter un parasol ou une boule. La dernière forme est à préférer.

Dans les pays méridionaux, le grenadier figure très-bien dans les plates-bandes des allées & en pleine terre ; dans ceux du nord, ils demandent des caisses ou de grands vases de terre vernissée, parce qu’on doit les enfermer dans l’orangerie pendant l’hiver.

III. De leur culture. Cet arbre, en pleine campagne & livré à lui, n’en exige aucune ; mais, en général, il forme un buisson désagréable, qui pousse sans cesse des drageons sur les côté ; & par conséquent donne peu de fleurs & encore moins de fruits. Cependant, si on le taille, si on supprime la majeure partie des drageons, il produit l’un & l’autre.

Le grenadier cultivé demande à être fortement taillé, si on veut avoir beaucoup de fleurs, & moins, si on vise à la beauté & à la bonté du fruit. Cet arbre pousse un nombre prodigieux de racines chevelues ; il exige donc une bonne terre, bien succulente & chargée d’engrais. Lorsqu’on désire hâter sa végétation & la rendre très-vigoureuse, les arrosemens fréquens deviennent indispensables. Ce que je dis s’applique principalement aux grenadiers renfermés dans des caisses & à ceux en espalier. S’il étoit possible de procurer aux haies les mêmes secours, elles acquerroient promptement leur perfection.

Les grenadiers tenus dans des caisses, exigent d’être dépotés tous les deux ans, & une partie des racines chevelues supprimées, ainsi qu’il sera dit au mot oranger. En général, on donne toujours de trop petits vases ou petites caisses à ces arbres.

Le temps le plus favorable à la taille est à la fin de septembre, pour les pays du nord, & à la fin d’octobre, ou plutôt lorsque les feuilles sont tombées, pour ceux du midi.

Le grenadier nain ne peut être cultivé en pleine terre. M. Duhamel dit « qu’il seroit à souhaiter que, dans les provinces méridionales, on le multipliât plus qu’on ne fait, pour enter dessus de grosses grenades douces ; ce seroit un ornement pour les orangeries : d’ailleurs, comme ces arbres seroient moins grands que les autres, leurs fruits pourroient mûrir dans les étuves ». Il faut croire qu’il existe de pareils grenadiers dans nos provinces, puisque M. Duhamel l’avance. Il y en a peut-être chez des amateurs, & je ne les ai pas vus. L’introduction de cet arbuste & sa naturalisation produiroient moins de profit & d’agrémens qu’elles n’exigeroient des soins, puisqu’à peine s’amuse-t-on à y cultiver régulièrement le grenadier ordinaire.

IV. De ses propriétés économiques. Les grenades demandent à rester sur l’arbre jusqu’à leur parfaite maturité.