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absorbent de l’atmosphère, que de ceux qu’elles pompent dans la terre. Cependant il est de fait que le gui épuise les branches qui le supportent, & que, s’il est multiplié sur un arbre, cet arbre passe promptement à l’état d’étique & de rabougri.

Le cultivateur soigneux le fait détruire dès qu’il commence à végéter ; s’il attend plus tard, il sera forcé de couper la branche qui le nourrit, ou de lui faire une entaille ou plaie considérable, qui ne se refermera plus, à cause de sa débilité. Les chasseurs n’aiment point ces destructions, parce qu’ils sont assurés de voir, pendant l’hiver, une multitude de grives & de merles accourir de toutes parts pour manger les baies. La substance qu’elles renferment est gluante ; l’oiseau frotte son bec contre les branches, & les noyaux y restent collés ; de sorte que les oiseaux sont les vrais planteurs du gui.

Le gui du chêne est rare dans les provinces du nord, & commun dans celles du midi. N’est-ce pas à cause de cette rareté que nos ancêtres, les druides, établirent la fête du gui ou de l’an neuf, faisant envisager au peuple cet arbuste comme un présent du ciel & une marque de sa protection. Ce respect ridicule pour le gui de chêne s’est perpétué dans quelques-unes de nos provinces, & le paysan n’oseroit le détruire, tandis qu’il coupe sans peine celui des autres arbres. Cependant, qu’il végète sur un chêne ou sur un poirier, c’est exactement la même plante, qui ne diffère en rien, quant à sa forme & quant à sa propriété.

Propriétés. Si on en croit Pline, les écrivains de son âge & ceux qui leur ont succédé, presque jusqu’à nos jours, cet arbuste jouissoit des plus singulières propriétés ; l’expérience a démontré que, quoi qu’il soit cueilli au croissant de la lune d’août, ou à la fin ou au milieu de celle de tout autre mois, il ne produit aucun effet dans l’épilepsie, l’apoplexie, les convulsions, les vertiges, &c. ; il y a plus, l’emploi intérieur des baies n’est pas sans danger.


GUIGNE. (Voyez Cerisier).


GUIMAUVE. (Voyez Planche XVI, page 374). Tournefort la place dans la sixième section de la première classe des fleurs en cloche, d’une seule pièce, & dont les filets des étamines sont réunis par leur base, & il l’appelle althœa Dioscoridis & Plinii. Von-Linné la classe dans la monadelphie polyandrie, & la nomme althæa officinalis.

Fleur, d’une seule pièce, à cinq découpures profondes & qui représentent une rose. En B on voit un pétale séparé ; le calice D de la fleur est découpé ordinairement en cinq parties, & quelquefois jusqu’à neuf ; le pistil C est terminé par une houppe d’étamines.

Fruit E, composé de beaucoup de capsules rangées autour d’un poinçon ; la semence F contenue dans chacune de ces capsules ; enfin, le placenta G, auquel le fruit est attaché, porte sur un calice différent de celui qui porte les fleurs.

Feuilles, peu découpées, en forme de cœur, pointues, blanchâtres, cotonneuses, ondées, portées sur de longs pétioles ; elles ont des nervures saillantes.

Racine A, pivotante, blanche, fibreuse, remplie d’un mucilage gluant.