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pour cause l’acrimonie & la dissolution des humeurs, il faut alors donner des correctifs, & s’abstenir des remèdes astringens. Les tiges & les feuilles de l’hypericum, le tussilage, le baume de la mecque, la gomme arabique, le lok blanc, selon la pharmacopée de Paris, sont des remèdes excellens, & pour l’ordinaire très-efficaces : le miel peut être très-utile ; sa vertu, dans l’intérieur, est sans doute conforme à celle qu’il produit appliqué extérieurement, qui est celle de consolider.

Mais on doit sans doute préférer le lait d’une femme bien constituée, & qui ne se permet pas des écarts dans le régime : ce lait, par la manière de le prendre, n’est pas sujet aux impressions de l’air qui l’altèrent : après lui vient le lait d’ânesse, & ensuite celui de vache : les raisons de préférence sont que la crâse du lait d’ânesse, est plus forte que celle du lait de vache, & celle du lait de femme, plus forte que celle du lait d’ânesse, & plus dans celle-ci que dans la vache.

Il convient d’interrompre de temps en temps, pour un ou deux jours, l’usage de ce lait, pour placer des remèdes qui en corrigent ou en préviennent la dégénération : dans le cas d’acidité, les meilleurs correctifs, sont la magnésie, les feuilles, ou le suc de menthe ; le lait doit être pris pendant un très-long temps ; après cela on peut donner peu à peu les crèmes de certains farineux, comme celles de pommes de terre adoucies avec le sucre, celles d’orge perlé, de l’avenat, du sagou, & des raisins secs, pour passer ensuite par gradation à l’usage des remèdes solides. Il arrive très-souvent, que les tempéramens ne s’accommodent point de cette diette blanche ; & qu’ils ne peuvent même pas la supporter ; pour lors on peut substituer les gelées de pommes de terre, celles de corne de cerfs, de pied de veau & de mouton. Les émétiques ne trouvent presque jamais leur emploi dans cette maladie ; ils produiroient des effets trop dangereux : les purgatifs doux ne peuvent être prescrits, que lorsqu’il y a corruption d’humeurs, & embourbement de viscères.

L’utilité de combiner les narcotiques avec les astringens, est sur-tout sensible dans le cas des grandes douleurs à la poitrine. M. AMI.


HÉMOPTYSIE, médecine vétérinaire. L’hémoptysie, ou comme d’autres récrivent, hémoptysie, ne signifie autre chose dans l’animal, qu’une évacuation nasale du sang pulmonaire.

Elle attaque plus rarement la brebis que le bœuf, le cheval & le mulet. Un de ces animaux, par exemple, qui fera un effort pour tirer ou soulever un corps pesant, peut déterminer le sang agité avec plus ou moins d’impétuosité, à vaincre la résistance des parois sanguines, à s’échapper par les bronches, & à sortir hors du corps par les naseaux. On peut encore ajouter à ces causes, une dépravation des humeurs qui humectent les bronches, la pléthore des vaisseaux du poumon, &c.

Le sang, qui dans cette maladie sort par les naseaux, est pour l’ordinaire rouge, clair, & écumeux ; l’animal tousse avec plus ou moins de force, & à chaque expiration sonore, on s’aperçoit qu’il coule du nez une grande quantité de sang ; que