Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/467

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dans sa prédiction pour un jeune romain qui croyoit voir des serpens rouges autour de son lit, lorsqu’il lui annonça qu’il alloit avoir une hémorragie : ne sait-on pas que les taureaux s’animent à la vue des couleurs rouges ?

On ne sauroit employer trop de prudence à entreprendre le traitement de l’hémorragie, sur-tout par rapport aux remèdes astringens pris intérieurement, & appliqués extérieurement, qui sont les secours qu’on emploie le plus communément à cet égard.

Si l’hémorragie du nez survient dans le cas d’une inflammation, elle est toujours salutaire : alors, bien loin d’avoir recours aux remèdes astringens pour l’arrêter, il faut, au contraire, la favoriser, tant qu’elle n’affaiblira point le malade ; si elle est l’effet d’une forte congestion de sang dans le cerveau, d’une pléthore universelle, il faut encore la respecter ; elle est toujours salutaire aux jeunes gens qui s’exposent & restent long-temps aux ardeurs du soleil, aux personnes sanguines, fougueuses, & : qui ont le tempérament chaud & ardent, qui s’adonnent à la bonne-chère, &c. : on n’a besoin de recourir à aucun astringent, l’hémorragie s’arrête d’elle-même.

Néanmoins quand elle est portée à un degré trop fort, & qu’on a à craindre quelque foiblesse, il faut alors l’arrêter : on y réussira en faisant tremper les pieds & les mains dans l’eau tiède, en faisant des ligatures aux bras & aux jambes qu’on serrera peu à peu, & au même degré que lorsqu’on pratique la saignée.

Si ces moyens sont inutiles, on aura recours à l’application, sur le front, de linges trempés dans l’eau bien froide, ou dans l’oxicrat ; on pourra tenter de faire entrer dans les narines une tente trempée dans l’eau de plantain, où l’on aura ajouté quelques gouttes d’acide vitriolique, ou d’eau de rabel ; mais il faut que cette tente soit assez volumineuse pour bien remplir la narine.

Si tous ces moyens ne sont d’aucune efficacité, pourvu que les forces se soutiennent, on pratiquera la saignée du bras ; & ensuite celle du pied, si les yeux & le visage sont montés en couleur, & si le mal, & la douleur de tête persistent.

L’application d’une éponge imbibée d’eau glacée sur le scrotum, arrête tout-à-coup l’hémorragie : ce remède ne m’a jamais manqué ; il peut être regardé comme souverain.

On ne doit point exclure l’usage des remèdes rafraîchissans, tels que la limonade froide, le petit lait acidulé, le nitre, la poudre tempérante de Sthal, l’orgeat & l’orangeade, l’eau à la glace est très-propre à calmer l’effervescence du sang, & à en ralentir le mouvement de circulation.

Quelquefois le sang qui est arrêté à l’extérieur, continue de couler intérieurement par les arrières-narines. Le malade court le plus grand risque d’être suffoqué : il faut tout de suite boucher les passages. Pour cet effet, on a deux fils qu’on fait entrer par un des bouts dans les narines, & qu’on fait revenir par la bouche. On attache à l’extrémité de ces fils qui sortent par la bouche, des plumaceaux ou des rouleaux de charpie. On les tire par les extrémités opposées, c’est-à-dire, par celles qui sortent par le nez, & on