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On divise les hernies, en simples & composées ; en anciennes & récentes ; en héréditaires & accidentelles. L’hernie simple, est celle qui n’a contracté aucune adhérence, & qu’on réduit aisément par une opération simple, à portée de tout le monde, appelée taxis. L’hernie composée est presque toujours adhérente, & entraîne avec elle une partie de l’épiploon. Enfin, on appelle hernie récente, celle qui survient tout à coup, & hernie héréditaire, celle qu’on apporte en naissant. Les hernies ont reçu différens noms, à raison des parties & de la région qu’elles occupent. L’hernie est appelée crurale, lorsqu’elle se fixe sur la cuisse ; inguinale ou bubonocelle, si, en passant par l’anneau des muscles du bas-ventre, elle se loge dans le conduit du cordon spermatique ; exomphale, si elle occupe le nombril ; ventrale enfin, si elle attaque toute autre partie du bas-ventre.

Plusieurs causes peuvent occasionner les hernies ; de ce nombre sont les coups, les chutes, un exercice immodéré, les hauts cris, le vomissement, un accouchement laborieux, les efforts qu’on fait pour aller à la selle, la contraction simultanée du diaphragme & des muscles du bas-ventre, qui, en comprimant les parties contenues dans cette cavité, les forcent à se porter vers celles qui leur offrent le moins de résistance. On ne doit pas oublier la foiblesse de l’âge, la mollesse naturelle des fibres, un relâchement dans la constitution organique ; enfin, une disposition à contracter les hernies.

Elles dépendent quelquefois d’une hydropisie : les sauts périlleux, la fatigue du cheval, la vie molle & oisive peuvent leur donner naissance.

Les personnes qui, par état, sont obligées de faire maigre, & de se nourrir d’alimens trop huilés, sont les plus exposées aux hernies.

Toutes ces causes sont capables de déterminer une portion d’intestin, & la portion du péritoine, qui le recouvre, à sortir du bas-ventre, à se loger dans le conduit des vaisseaux spermatiques, & y exciter l’hernie appelée bubonocelle. De toutes les hernies, il n’en est pas de plus cruelle ; elle fixera aussi notre attention. Nous ne parlerons point de l’opération ; une pareille description est inutile, attendu que le cultivateur ne peut pas la pratiquer lui-même ; nous nous contenterons d’indiquer les moyens les plus aisés & les plus propres à en faciliter la réduction.

L’hernie inguinale ou bubonocelle peut être sans étranglement, ou avec étranglement. Dans le premier cas, il est facile de la rentrer, en appliquant les remèdes dont nous parlerons plus bas ; mais celle qui est avec étranglement, présente beaucoup de difficulté, & expose toujours les malades aux plus grands risques de perdre la vie, tant par rapport à l’opération, qu’au danger qu’il y a que l’intestin se gangrène.

Pour pouvoir indiquer les moyens les plus propres à détruire cet étranglement, il est essentiel de faire connoître les causes qui le produisent. Nous allons rapporter ce que le célèbre Goursaud dit sur les causes de l’étranglement, dans son mémoire inséré dans le quatrième volume des Mémoires de l’Académie de Chirurgie.