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première espèce est celle dont on vient de parler.

La seconde espèce, ou l’ilex cassine, dont les feuilles sont ovales, en forme de lance, & dentées en manière de scie. Elle est originaire de la Caroline ; le semis de ses graines exige la couche vitrée, & on peut, dit-on, mettre dans la suite en pleine terre & derrière un abri, les plants qu’on en obtiendra.

On a reproché à von-Linné d’avoir confondu la cassine avec les houx ; il devoit, dit-on, en faire un genre à part. Qu’elle nécessité y avoit-il donc, puisque la cassine a tous les caractères botaniques du houx ? Qu’il me soit permis de m’en rapporter à la décision de ce grand homme ? il seroit facile de la justifier, si c’étoit le cas de placer ici une discusson botanique.

La troisième est le houx d’Asie, ilex asiatica, à feuilles en large fer de lance, obtuses & très-entières.

la quatrième est le houx à feuilles en forme de coin, & à trois pointes ilex cunei-folia de l’Amérique médidionale.

La cinquième est la dodonée, ou ilex dodonæa, originaire du même endroit que la précédente. Ses feuilles sont ailées, les folioles au nombre de vingt-unes, adhérentes aux tiges ; roides, ovales, pointues, les fleurs sont en grappes.

Les amateurs des arbres et des arbustes admettent pour espèces ce que le botanistes regardent comme de simples variétés. Les premiers resserrent trop l’ordre naturel, & les seconds lui donnent trop d’extension. Consultez ce qui a été dit au mot Espèce, & vous verrez la distinction qu’on doit faire de l’espèce naturelle, & des espèce jardinières du premier ou du second ordre.

Aucun arbre ne fournit autant d’espèces jardinières du second ordre que le houx ; c’est-à-dire, qui ne peuvent se reproduire les mêmes par les semis, mais uniquement par les boutures & la greffe.(Voyez ce qui a été dit au mot Espèce). MM. Miller & Duhamel comptent un très-grand nombre d’espèces jardinières dont les unes ont des fruits rouges, ou jaunes, ou blancs ; certainement ces graines semées, excepté les rouges qui sont le type, ne produiront pas des arbres à graines semblables.

Les feuilles différemment panachées ou liserées ne constituent pas mieux des espèces premières ou naturelles, mais seulement des espèces jardinières, MM. Duhamel & Miller en citent près de trente exemples ; & si on continue à cultiver le houx avec le même soin, à épier chaque manière d’être des panachures, des lisérés des feuilles, & si on assure ces variétés par la greffe, il est clair qu’en moins de dix ans, le nombre sera porté à plus de cent. Voici en abrégé les variétés les plus remarquables.

Le houx à feuilles panachées de blanc ou de jaune…, dont les bords & les épines sont argentées d’un seul ou des deux côtés … dont les bords & les épines sont de couleur pourpre ou jaune, ou blanche…, à feuilles veinées de différentes couleurs…, à feuilles plus ou moins longues, larges…, à épines plus courtes ou plus longues, ou sans épines, (le houx en vieillissant les perd) ou dont le dessus est hérissé d’épines, &c.

V. Culture. Lorsque la graine est mûre en octobre ou en novembre, suivant le climat, on la cueille, & on