Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/55

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jusqu’à l’entière formation du calus. Pour opérer donc, relativement à la fracture en dedans, un aide serre les naseaux du cheval ou du bœuf, tandis que l’artiste ou le maréchal presse fortement avec les mains l’extrémité supérieure & inférieure de la côte, jusqu’à ce que les pièces enfoncées soient revenues dans leur situation ; si cependant les fragmens qui percent la plèvre donnent lieu aux symptômes funestes dont nous avons déjà parlé, il faut se hâter de faire une incision à la peau, à l’effet de tirer les fragmens de l’os avec les doigts, avec des pinces, ou avec une aiguille, ou d’autres instrumens convenables ; on doit appliquer ensuite des compresses, l’une qui sera imbue d’un vin aromatique sur toute l’étendue de la côte ; les deux autres, qui auront beaucoup plus d’épaisseur, seront mises sur celle-ci à chacune des extrémités sur lesquelles le maréchal aura fait compression, le tout devant être maintenu par un bon & solide surfaix. Quant à la fracture en dehors, le replacement est plus aisé ; il s’agit seulement de pousser les bouts déjetés de l’os, jusqu’au niveau des autres côtes, après quoi on place une première compresse, ainsi que nous l’avons dit, & on garnit l’endroit fracturé d’un morceau de carton que l’on assujettit de même par un surfaix qui fait, comme dans le premier cas, l’office d’un bandage circulaire. Le nombre des saignées doit, au reste, être proportionné aux besoins & aux circonstances ; les lavemens, la diète, an un mot, tout ce qui est capable de calmer les mouvemens du sang, doivent être employés.

La fracture de l’os de la couronne du cheval, annoncée par la difficulté d’appuyer le pied, & par le changement de figure, doit être rangée au nombre des espèces des fractures incurables.

La fracture de l’os du pied n’est pas aisée à reconnoître ; cependant, dit M. la Fosse, lorsque le cheval sent une douleur à la couronne, & qu’il y a un gonflement, on peut croire que l’os du pied est fracturé. Cet os se caste ordinairement en deux parties. »

Cette espèce de fracture est très curable : l’os du pied étant renfermé dans le sabot, & n’ayant qu’un léger mouvement sur la sole charnue, & étant d’ailleurs enchâssé entre la chair cannelée & la sole charnue, il ne faut pas être surpris que les deux parties fracturées de cet os se réunissent & se soudent ensemble. Nous proposons, d’après M. la Fosse, de dessoler le cheval, de le panser de même que nous l’avons indiqué pour la dessolure, (voyez Dessolure) & de le laisser en repos pendant six semaines dans l’écurie, où il sera mis à l’eau blanche, au son & à la paille pour toute nourriture, après avoir été néanmoins saigné à la veine jugulaire.

Eu égard à la fracture de la jambe du mouton, il est inutile de prendre toutes les précautions que nous avons proposées pour le bœuf & le cheval. Il suffit de renverser l’animal pour réduire les parties fracturées, d’appliquer sur les parties latérales, de la fracture, des morceaux de bois de la longueur & de la largeur de l’os, de l’épaisseur d’une ligne, de garnir l’intervalle de ces éclisses avec des étoupes trempées