Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/597

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p lacé près des bassins, armé d’un grand bâton 10, au bout duquel il y a un croisillon, le promène légèrement sur la surface de l’eau des réservoirs, & pousse ainsi dans l’angle du bassin l’huile qui surnage avec les débris de la chair du fruit, de l’écorce. Alors il prend une poêle à manche court & percé comme une écumoire 12, ou ce qui est encore mieux, un tamis de crin assez serré ; il enlève par ce moyen tout ce qui se trouve rassemblé à la surface de l’eau, & le jette dans un petit baquet ou vaisseau de bois, de forme quelconque. Il ne cesse de répéter ce travail jusqu’à ce que l’eau des différens bassins, sans être agitée, ne fournisse plus rien ; enfin, il porte son baquet vers la chaudière 13, dans laquelle il le vide. Je ne décrirai point ici les détails de la chaudière, ils sont trop connus : je dirai seulement qu’elle est à moitié pleine d’eau ; qu’on y jette le grignon noir, & que l’on l’y laisse bouillir jusqu’à ce que la fumée soit blanche & dense, ce qui annonce que l’eau est suffisamment évaporée, & que la pâte est assez rapprochée. Alors, avec un poêlon 14, l’ouvrier prend la matière dans la chaudière, en remplit les cabas 15, les dispose les uns sur les autres sur le pressoir, ainsi qu’ils sont représentés, & on appelle cette opération charger le pressoir. Alors quatre hommes, dont deux sont places à chaque barre qui entre dans l’ouverture 16, à force de serrer, font descendre la vis, les cabas sont pressés, l’huile s’écoule dans les vaisseaux 17 ; lorsqu’ils sont pleins, on en substitue d’autres, & on vide les premiers dans des jarres de terre, où cette huile dépose une fécule abondante.

On n’enlève jamais toute la pâte ou eau pâteuse de la chaudière, pendant tout le temps que dure le recensement ; il faut en laisser dans le fond une certaine quantité, afin que la chaudière ne brûle pas, & l’eau première est prise ou dans la tour ou dans les bassins.

À mesure que la force du pressoir agit sur les cabas, on prend de l’eau bouillante dans la chaudière, dont on les arrose légèrement tout autour ; cette eau en détache les parties huileuses qui seroient trop épaisses pour couler, & est reçue avec l’huile dans les baquets ; le tout est porté ensemble dans les jarres. Comme l’eau est plus pesante que l’huile, elle gagne le fond du vase, & l’huile surnage. On les laisse ainsi pendant quelques jours, & durant ce temps, la crasse, la portion terreuse, &c., se séparent de l’huile & se précipitent au fond de l’eau. Alors, par le moyen d’une canelle adaptée à la jarre, on ouvre son robinet, la crasse s’écoule la première, & elle est mise de nouveau de côté pour rebouillir dans la chaudière. L’eau vient ensuite, & lorsque l’huile commence à couler, on ferme le robinet. Cette huile est alors mise dans des tonneaux. Quelques-uns la placent dans de nouvelles jarres, pour la faire encore mieux dépouiller de sa crasse, & pour la soutirer une seconde fois, ce qui vaut beaucoup mieux. Revenons actuellement aux réservoirs des différens grignons : après avoir enlevé, autant qu’il est possible, la portion huileuse & les débris du fruit, un ouvrier, armé de l’instrument 9, à peu près semblable à