Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/651

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est très-sensible, suivant les climats où elles végètent : l’état de la vigne est très-actif dans les provinces du midi, & très-peu dans celles du nord ; la différence même est sensible de l’été à l’hiver.

M. Paulet, médecin de la faculté de Paris, dans un Traité des maladies épizootiques, rapporte, d’après l’assertion du célèbre Haller, qui est sûrement d’un grand poids, que les feuilles de l’if ont été souvent funestes aux vaches & aux chèvres qui en avoient brouté. Qui nous sortira donc de cette indécision funeste, puisqu’il s’agit de la vie ou de la mort ? La vérité du fait ne peut, je pense, être révoquée en doute ; mais elle tient à quelques circonstances qu’on n’a point assez examinées. La société royale de médecine, seule, est dans le cas de reprendre tout ce qui a été écrit sur les propriétés des plantes ; chacun de ses membres examineroit avec soin une famille, ainsi que M. Paulet l’a fait pour celle des champignons ; enfin, sous peu d’années on sauroit décidément à quoi s’en tenir. M. Vitet, dans sa Pharmacopée de Lyon, & avant lui, l’illustre von-Linné, ont déjà fixé les opinions sur les propriétés qu’on attribuoit à certaines plantes, mais cela ne suffit pas encore. Puisse la société royale de médecine, qui sacrifie tous ses momens au bien public, prendre en considération un travail digne de son zèle & de ses lumières.


ILIAQUE, (passion) MISÉRÉRÉ, ILEUS VOLVULUS, Médecine Rurale. La passion iliaque est une maladie aigué, qui s’annonce par une constipation opiniâtre, des borborygmes & le vomissement de matières fécales, avec douleur violente des intestins.

Elle a le plus ordinairement son siège dans l’intestin ileum ; c’est aussi de-là qu’elle a pris le nom de passion iliaque. On l’appelle aussi vulgairement miséréré, à cause de la pitié & de la commisération qu’arrache l’état affreux des personnes qui en sont attaquées.

Cette maladie est des plus cruelles & des plus dangereuses : dans son début elle tient une marche assez lente ; les malades rejettent, par le vomissement, les matières contenues dans l’estomac ; peu de temps après, de la bile mêlée avec des parties chyleuses ; alors elle prend une autre marche plus rapide ; ils vomissent quelquefois, non-seulement les matières fécales, mais encore les lavemens & les suppositoires ; l’anus, pour ainsi dire, se ferme ; les malades ne pouvant plus aller à la selle, le bas-ventre se tuméfie, la soif devient très-forte, & la chaleur excessive ; le pouls est dur, piquant, tendu & très-serré ; la respiration devient plus difficile ; ils se sentent embrasés intérieurement, & l’eau qu’ils boivent pour étancher leur soif, augmente leurs tranchées ; ils éprouvent, dans la région ombilicale, les douleurs les plus aiguës ; le hoquet survient, les convulsions suivent de près ; les foiblesses répétées, les sueurs froides, & le froid des extrémités annoncent une mort prochaine. Elle reconnoît les mêmes causes que l’inflammation de l’estomac ; la constipation, l’endurcissement des matières fécales, le défaut de faculté expultrice des intestins, leur inflammation, peuvent produire cette maladie.