Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/684

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour désigner une maladie qui consiste dans une augmentation de chaleur physique dans tout le corps, ou dans quelqu’une de ses parties, & qui est toujours accompagnée de douleur, d’ardeur, de fluxion & d’obstruction. On peut dire en quelque sorte, que ce sont là les quatre elémens qui constituent l’inflammation.

Elle est ou générale, ou particulière ; elle peut être encore interne ou externe.

L’inflammation générale porte le nom de phlogose ; celle qui est particulière ou locale, porte des noms relatifs aux parties qu’elle occupe. Celle du poumon s’appelle peripneumonie, celle de la plèvre, pleurésie, enfin, celle des yeux, ophtalmie, &c. (Voyez chacun de ces mots).

Les signes caractéristiques de toute inflammation, sur-tout externe, sont la rougeur de la partie affectée ; la tension, la chaleur âcre, & la douleur que les malades y ressentent ; enfin, la fièvre locale.

Il faut croire que dans l’inflammation interne, les organes intérieurs sont affectés de la même manière, puisqu’il est démontré par l’ouverture des cadavres, que leurs intestins étoient fort rouges & très-phlogosés. De plus, les malades sont tourmentés par une soif cruelle, par un feu intérieur qui les consume. Ils éprouvent sur toute l’habitude de la peau une chaleur brillante ; leurs urines qui sont rouges & très enflammées, sont peu abondantes, & ne déposent aucun sédiment ; ils les évacuent avec peine & beaucoup de douleur, sur-tout si l’inflammation s’étend jusqu’au col de la vessie. Ils ne peuvent garder aucune situation dans le lit. La plus mince couverture leur est à charge. Leur langue est sèche, âpre, & leur souffle est brûlant ; leurs pouls est plein, serré & tendu, les convulsions & le délire surviennent, & la mort termine leurs souffrances.

Plusieurs causes produisent cette maladie ; nous en admettons deux espèces, les unes internes & les autres externes. Dans les premières seront compris l’engorgement du sang dans les vaisseaux capillaires, sa raréfaction, la pléthore, l’étranglement spasmodique des solides, qui embrassent les parties obstruant es, une disposition innée, le tempérament vif & ardent, une irritabilité & une sensibilité naturelle, l’âcreté du sang & des autres humeurs, l’irritation des houppes nerveuses, les passions fortes, la suppression des évacuations ordinaires.

Les causes externes sont assez fortes pour déterminer l’inflammation, sur-tout si ceux sur lesquels elles agissent y apportent quelque disposition. Quelqu’erreur qui se soit commise dans l’usage de ce qu’on appelle les six choses non naturelles, c’est-à-dire, qui sont nécessaires à la vie, peut la déterminer ; ainsi, l’air froid ou chaud l’excite quelquefois. L’abus des liqueurs spiritueuses, celui du vin qui n’a pas fermenté, les alimens grossiers & difficiles à digérer, tout ce qui est salé, épicé & de haut goût. Les exercices trop violens, les courses précipitées, une fatigue excessive, le défaut de sommeil, des veilles immodérées, un travail forcé, une forte constipation, le défaut d’excrétions naturelles, la transpiration arrêtée, la suppression de quelqu’écoulement artificiel, la