Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/693

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1°. La saignée désemplit les vaisseaux, diminue la quantité de sang ; ce qui produit un relâchement dans le système vasculeux, & une diminution très-marquée dans la force des organes vitaux. La saignée convient donc toutes les fois que la quantité ou le mouvement du sang sont augmentés, que l’irritabilité est trop animée, que la douleur, la chaleur, la fièvre, & les autres accidens pressent un peu trop vivement.

2°. Les émolliens relâchent, détendent, humectent & affoiblissent les solides ; les anodins & narcotiques ont la vertu particulière de diminuer l’irritabilité, soit qu’on les administre intérieurement, soit qu’on les applique à l’extérieur. Ces remèdes conviennent donc dans l’inflammation, lorsqu’elle est accompagnée d’une douleur extrêmement aiguë, d’une tension très-considérable, d’une contractilité excessive ; mais si les narcotiques calment tout de suite les douleurs les plus vives, s’ils étouffent & assoupissent, pour ainsi dire, la sensibilité, s’ils diminuent le mouvement des artères, & par conséquent la vie de la partie, on doit être très-circonspect en les administrant, parce qu’il n’est pas rare de voir des inflammations terminées en gangrène, par l’usage mal entendu des remèdes émolliens, anodins & narcotiques.

3°. Les résolutifs peuvent opérer la résolution d’une inflammation, soit en la ramollissant, soit en la stimulant, soit en calmant les douleurs qu’elle occasionne. Ils ne conviennent néanmoins que dans les cas où les symptômes de l’inflammation ne sont pas violens, où il faut augmenter le ton des vaisseaux relâchés, & ranimer le mouvement des humeurs engourdies ; car, si on les appliquoit avant que la résolution n’eût commencé à se faire, ils fortifieroient, resserroient, & crisperoient davantage les vaisseaux de la partie enflammée, &, bien loin de résoudre l’inflammation, ils la feroient plus sûrement dégénérer en gangrène ; mais on ne doit point les employer dans l’inflammation qui dépend d’une cause interne, parce qu’ils pourroient occasionner quelque transport ou métastase dangereux.

Suppuratifs. Tous les topiques qui ont la propriété d’intercepter la transpiration, accélèrent le mouvement intestin, augmentent l’engorgement, excitent dans le sang un mouvement contre nature, & un dérangement dans l’action des vaisseaux ; de sorte que toutes ces causes peuvent opérer la coction & la suppuration d’une inflammation, qui sans l’emploi de ces topiques, en forme d’emplâtres, d’onguens, de cataplasmes, auroient pu se terminer par la résolution. On pourra en faire usage dans les inflammations critiques, pestilentielles, dans celles qui sont entretenues par quelques causes internes, dans les tumeurs phlegmoneuses, principalement lorsqu’elles s’élèvent en pointe, & que les douleurs & les battemens y aboutissent & y sont plus sensibles.

Les ami-gangreneux. Dans les inflammations qui se terminent en gangrène, à cause de l’excessive irritabilité, de la roideur & de la tension trop considérable des vaisseaux qui les empêchent de réagir & de modérer le mouvement intestin du sang, on peut employer les anti-