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le fourreau, on trempe l’éponge dans l’eau, on la presse fortement, & on l’insinue, autant qu’il est possible, dans cette partie garnie pour l’ordinaire d’une humeur sébacée, très-fétide, aussi épaisse & presqu’aussi noire que du cambouis, & qui souvent est en si grande quantité, que l’animal ne peut tirer le membre pour uriner.

Enfin, on passera exactement l’époussette sur toutes les parties mouillées, & on la coulera sur tous les crins de l’encolure & de la queue, à l’effet de les sécher autant qu’il sera possible. En hiver on doit moins mouiller qu’en été ; mais il est important de faire attention à ce que des palefreniers ou des cochers paresseux ne mouillent tous le corps des chevaux ; ou des muletiers, ne mouillent tous le corps des mulets, au lieu de les panser avec l’étrille, ce qui n’arrive que trop fréquemment, & ce qui réduisant toute la crasse en une espèce de croûte adhérente au tégument, obstrue totalement les pores & suspend ou intercepte toute transpiration cutanée.

L’animal doit être ainsi conduit à sa place : on ôte le filet ou le mastigadour, auquel on substitue le licol qui doit être à double sous-gorge, le cheval est enclin à se détricoter, & dans le cas où ce licol n’obvieroit point à cet inconvénient, on ajouteroit deux longes très-déliées qu’on attacheroit d’une part à la partie supérieure des montans de ce même licol, & qui de l’autre passeroit dans le sur-faix destiné à maintenir les couvertures.

Les meilleures & les plus convenables sont celles de toile ; elles s’étendent sur le corps & l’encolure de l’animal, au moyen d’une crinière qu’on y adapte. Les couvertures de laine hérissent & mangent le poil, & les demi-couvertures n’entretiennent pas comme les autres, une transpiration égale dans toute la superficie.

L’animal étant couvert, on en curera les pieds & on les dégagera de tous corps qui se seroient introduits entre l’ongle & le fer, ainsi que des ordures dont la cavité du pied pourroit être remplie. On mettra dans cette cavité une suffisante quantité de terre glaise, à l’effet de tenir l’ongle humide, & on graissera le sabot autour de la couronne avec l’onguent de pied. On le compose avec l’huile d’olive, la cire jaune, le sain-doux, la térébenthine & le miel commun ; on fait fondre à un feu doux la cire & le sain-doux dans l’huile ; on ajoute, en retirant du feu, la térébenthine & le miel commun ; on en met jusqu’à entière consistance d’onguent. À l’égard des pieds de derrière, l’aridité n’est pas aussi à craindre, attendu l’urine & la fiente dans lesquels ils séjournent.

On peut encore brûler quelques brins de paille, & jeter la cendre dans l’huile, & en oindre l’extérieur de l’ongle, ce qui lui donne un luisant, un éclat & une couleur satisfaisante.

Le palefrenier ou le muletier doivent toujours être munis de ces cures-pieds anglois, qu’on porte facilement avec soi, & qui consistent dans un crochet très-recourbé, emmanché par une charnière à un anneau de fer, la charnière ayant sur le derrière un terme qui limite l’ouverture du crochet, jusqu’à ce que les deux parties les plus voisines de