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à 50 pieds de largeur, & la longueur du carreau. Elles sont divisées par des sillons, en aussi grand nombre qu’elles peuvent en contenir. Entre chaque table on laisse une espèce de plate-bande, au milieu de laquelle sont plantés des arbres fruitiers, à plein-vent, sur une distance convenable, mais ordinairement trop serrés, car il n’y a pas 15 pieds de l’un à l’autre, de manière que chaque table semble faire un jardin particulier, environné d’arbres de toutes parts. Les jardiniers, pour profiter du terrain, ne laissent à la plate-bande qu’une largeur d’un chemin à talon, & cultivent de l’autre côté jusqu’au pied de l’arbre, c’est-à-dire, qu’ils prolongent les sillons jusqu’à ce point.

Les jardins ordinaires n’ont point d’allées, proprement dites, sinon une qui traverse tout le jardin, & dont la largeur n’excède guère au-delà celle de la voie d’une charrette.

On entend par sillon, Fig. 2., une terre creusée à une égale profondeur & largeur, qui doit avoir la base & l’élévation de l’ados. AAA représentent la coupe perpendiculaire du terrain ; BB, la rigole par où doit passer l’eau. La base du sillon a communément 18 pouces de largeur ; & la hauteur de l’ados, à partir de la plus basse de la rigole, est de 6 à 8. & à 10 pouces, suivant la plante qu’on doit y cultiver. Ainsi l’on voit que la largeur & profondeur des sillons & des rigoles, sont susceptibles d’être variées suivant les besoins. Les plantes menues, de peu de durée, exigent des sillons moins élevés, & moins larges. Des choux, par exemple, qui acquièrent beaucoup de volume, & restent long-temps en terre, demandent des ados plus élevés, & des rigoles plus profondes.

Le plan ci-joint, d’une partie du jardin d’un bourgeois, fait voir en D, une plate-bande. Il est aisé actuellement de supposer la plate bande du côté opposé de ce carreau. Celle de l’allée est plantée en arbres comme les autres, mais ils n’y sont pas figurés. Sur le bord de la plate bande & de la rigole E, on voit des plantes : ce sont communément des choux de toutes espèces, des artichauts, & autres grosses plantes. Il en est ainsi pour la bordure de toutes les autres plates-bandes. Certains bourgeois sacrifient les plates-bandes voisines des allées, à la culture des fleurs, sans cependant se priver des arbres plantés dans le milieu, & qui accompagnent l’allée.

Toutes les plates-bandes sont travaillées autant de fois qu’on renouvelle leurs plantes de bordure ; mais si elles sont vivaces, les artichauts, par exemple, on les travaille deux ou trois fois dans une année.

Dans les grands jardins, chaque table entière est ordinairement destinée à la culture d’une même espèce de plante, ou tout au moins la moitié est destinée à cet usage. Les petites divisions font perdre beaucoup d’eau & de temps, quand il s’agit de les arroser. Il en est ainsi du labour à donner à la table.

Supposons actuellement la table entière, dépouillée de plantes, & qui demande à être mise en valeur. On commence par y porter le fumier nécessaire, si le cas l’exige, ensuite on en défonce le terrain d’un pied d’arbre à l’autre sur la largeur de la table ; ce défoncement s’exécute ou