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rarement des espèces parfaites. C’est cependant un moyen de se procurer plutôt des fleurs doubles & pleines, & on peut en faire usage avec une espèce de satisfaction quand on ne cherche pas à primer.

La couleur ne doit pas déterminer à recueillir la graine de telle jacinthe, préférablement à telle autre. Il est mieux de se régler sur les qualités indiquées ci-dessus. Outre cela, comme on cherche à se procurer des jacinthes pleines, & que celles-ci sont toujours tardives, une culture bien entendue prescrit de faire choix de graines formées plutôt sur des pieds tardifs, que sur des pieds hâtifs. Les curieux recueillent avec grand soin celles qui proviennent des fleurs dont les pétales sont doubles ou triples.

Quand on ne se soucie pas de la graine d’une jacinthe, on coupe les fleurs dès qu’elles ont fait leur effet. L’oignon prend aussi plus de nourriture que si on laissoit former & mûrir la graine.

On se dispose à recueillir la graine lorsque la pellicule dont elle est environnée jaunit, commence à s’ouvrir, & laisse échapper la graine dont la maturité s’annonce par une couleur noire ; alors ayant enlevé la tige, on la met dans un vase un peu profond, ou sur une table où le soleil ni la pluie ne puissent pas donner. La semence achève de s’y perfectionner ; après quoi on la nettoie bien, & on la garde dans un lieu sec.

Une terre préparée comme celle ou l’on met les oignons de jacinthe, convient pour les semis de la graine, c’est sur la fin d’octobre que l’on fait cette semaille, dans un climat tel que celui de la Hollande. Si on y devançoit ce temps, les jeunes plantes sortant en hiver, seroient surprise de la gelée qui les feroit périr ; d’un autre côté, en différant davantage, la levée seroit fort incertaine, ou au moins assez retardée pour occasionner une année de perte. En France, suivant le local, On sème depuis le mois d’août jusqu’à la fin d’octobre.

La graine étant couverte d’un pouce de terre, on y répand un peu de tan à demi consommé, pour la garantir du froid lorsqu’elle lèvera.

On ne tire les oignons qui en proviennent, que lorsqu’ils ont passé deux sèves ; durant ce temps on arrache avec précaution les mauvaises herbes qui y naissent sans leur donner le temps de grandir assez pour nuire. Aux approches du premier hiver que ces jeunes plantes doivent soutenir, on les fortifie par un demi-pouce de tan. On n’arrose jamais ces jeunes oignons : durant les sécheresses de l’été, leur végétation est très-lente ; & en tout autre temps ils trouvent une humidité capable de faire pousser leurs racines, souvent à six ou huit pouces de profondeur. Quand une fois on les a levés de terre, on les gouverne comme ceux qui sont plus avancés.

Il y en a un certain nombre qui fleurissent au bout de quatre ans, d’autres au bout de cinq, beaucoup davantage l’année suivante, & communément tous à la septième ; on jette alors ceux qui ne donnent pas.

À chaque fleuraison l’on observe les degrés de perfection que ces fleurs acquièrent, afin de ne pas