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nairement, puisqu’il ne faut point étêter les frênes en les replantant.

Les mouches cantharides sont le plus grand fléau de toutes les espèces de frênes, excepté celle du N°. 4 ; elles sont quelquefois en si grand nombre, qu’elles dépouillent l’arbre de toutes ses feuilles, mais elles n’endommagent point le fruit, & c’est précisément de la graine de ces arbres dépouillés que j’ai semée, & dont j’ai parlé plus haut ; mais au milieu de l’été, il est très-désagréable de voir un arbre nu comme au gros de l’hiver.

IV. Propriétés économiques. On peut établir des forêts de frêne dans les provinces où le bois est rare, en garnir la lisière des champs, en faire des avenues. Ses racines ne sont pas pernicieuses comme celles des ormeaux ; elles aiment à s’enfoncer en terre, & non à sillonner lorsqu’elles trouvent du fond. Si on désire planter cet arbre dans les bosquets d’agrément, on doit préférer le N°. 4.

Le bois de frêne est le meilleur de tous les bois pour charronnage, & sur-tout pour les brancards des voitures, comme carrosses, chaises de poste, cabriolets. Il est également bon pour les roues, les essieux ; il est très-utile aux tourneurs. Les branches coupées, ainsi qu’il est dit au mot Bétail, tome II, page 224, sont de la plus grande ressource pendant l’hiver, pour tous les animaux d’une ferme. On dit que ce fourrage sec donne un goût désagréable au beurre ; je ne m’en suis jamais apperçu, & cependant je ne nie pas cette assertion ; mais rien n’empêche de le donner aux bœufs ou aux moutons.

V. Propriétés médicales. On retire par incision, du frêne N°. 2, la manne appellée de Calabre ; l’opération sera décrite au mot Manne. Les feuilles & l’écorce du frêne commun ont une saveur légèrement amère, âcre & piquante. La semence est fort aromatique ; les feuilles vulnéraires ; la seconde écorce un diurétique puissant, fébrifuge ; le bois dessiccatif & styptique ; le fruit & les feuilles sont rarement employés. Le sel tiré des cendres de l’écorce est un fort diurétique. Sa dose pour l’homme, est, dissous dans une liqueur convenable, depuis cinq grains jusqu’à quinze, & pour les animaux, à la dose d’une drachme jusqu’à une drachme & demie.


FRÉNÉSIE, Médecine Rurale. La frénésie est l’inflammation du cerveau, accompagnée d’un délire furieux & continuel, & d’une fièvre continue aiguë. Les signes qui la font connoître, sont le délire, une agitation excessive, une oppression forte, le pouls petit, fréquent & irrégulier, la fièvre continue. Quelquefois le pouls est dur & serré, mais ce n’est que lorsque l’inflammation attaque les membranes du cerveau. La pulsation des artères carotides, celle des temporales ; le malade a l’organe de l’ouie si fin, qu’il entend quelquefois ce que deux personnes se disent en parlant très-bas, quoiqu’elles soient dans l’endroit le plus reculé de la chambre ; la langue est très-sèche & très-âpre, quelquefois elle est noire ou citrine ; la soif ne tourmente presque jamais ceux qui sont attaqués de cette maladie ; ils refusent de boire. Leur esprit n’est affecté que des objets qui