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pas lever trop haut le pied de l’animal, crainte de l’hémorrhagie ; évitez de le faire marcher ; n’appliquez les premiers jours, après avoir levé le premier appareil, que des plumaceaux imbus de teinture d’aloës ou de térébenthine, ensuite du digestif animé avec plus ou moins d’eau-de-vie ; dilatez tous les sinus qui pourront se former pendant le traitement, tenez la sole de corne toujours humectée avec l’onguent de pied, nourrissez l’animal avec peu de foin, beaucoup de paille & de son mouillé, faites-lui boire souvent de l’eau blanchie, & donnez-lui de temps en temps quelques lavemens émolliens.

Du fourchet. Nous avons dit, au commencement de cet article, que le bœuf & le mouton étoient quelquefois sujets à une espèce de javart, appellé fourchet.

Le pied de ces deux animaux, dont la construction est si différente de celle du cheval, n’est affecté que du fourchet simple & du fourchet encorné.

Le fourchet simple n’est accompagné d’aucun danger ; mais le fourchet encorné, que l’on observe entre la dernière phalange du pied & la corne, mérite un traitement particulier. Dilatez l’abcès formé par le pus, jusqu’au commencement de la corne. L’ulcère ne pénétre-t-il que dans la partie postérieure du pied, sans gagner la corne & l’os du pied de l’un ou l’autre ongle ? la seule dilatation de l’ulcère, avec l’application de la teinture d’aloës & le digestif simple, suffisent pour conduire l’ulcère à parfaite guérison. Mais il n’en est pas de même lorsque l’ulcère a fait des progrès entre l’os du pied & la corne ; craignez alors la chûte de la corne ; évitez-la en faisant une contr’ouverture, ou bien en ouvrant la corne avec la cornière du boutoir dans toute la longueur de l’abcès ; ensuite appliquez sur toute la plaie des plumaceaux imbus de teinture de térébenthine que vous renouvellerez toutes les vingt-quatre heures ; réprimez les chairs fongueuses, molles & baveuses par l’usage de l’onguent égyptiac ; les chairs étant d’un bon caractère, maintenez-les dans leurs justes bornes par des plumaceaux soutenus par un bandage convenable. M. T.


JAVELLE, JAVELLER. C’est mettre les bleds en poignées, & les laisser couchés sur les sillons, afin que les grains séchent & jaunissent. Trois ou quatre javelles forment la gerbe. On dit que l’avoine a été javellée, lorsqu’elle est devenue noire par l’effet de la pluie.


JAUGE. JAUGEAGE. JAUGEUR. La jauge est une verge de bois ou de fer, divisée en travers par pieds, pouces & lignes, avec laquelle on prend la longueur & la largeur de la futaille. Jaugeage est l’action de jauger les tonneaux, les futailles, & l’art de connoître combien ils contiennent de fluides, &c. Jaugeur est l’officier dont l’emploi est de jauger.

Développer ici l’art de jauger seroit trop long, il faudroit encore rapporter la méthode employée dans chaque province, ce qui excéderoit les bornes prescrites à cet ouvrage, & m’écarteroit de mon but. D’ailleurs, dans toutes les villes, dans tous les villages, il y a des tonneliers, qui sont