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&c., viennent leur tour la demander à ceux-ci pendant l’hiver.

Aux approches des premières neiges, les bergers du haut Conflant & du Capsir font un choix des bêtes qu’ils se proposent de garder chez eux, & marquent celles qui doivent descendre dans la plaine. C’est un usage reçu de ne retenir que les moutons, & d’envoyer les brebis portières quand leurs moyens & les circonstances locales le permettent, ils mêlent des lots de moutons avec les brebis, mais ils gardent les béliers.

Comme ces pays ne sont pas assez étendus pour contenir le nombre prodigieux de bétail qui arrive de la montagne, ce qui reste, traverse la Cerdagne espagnole & françoise, & va s’établir dans les environs d’Urgel en Catalogne. Dès que les neiges sont fondues, les troupeaux retournent à leur montagne.

Les bêtes à laine du haut Conflant & du Capsir, l’emportent en poids & en longueur de corsage sur celles du Valspir & du bas Conflant. Les moutons du haut Conflant ont la tête & les pieds d’une couleur différente de la toison ; tantôt ces parties sont entièrement rousses, tantôt mouchetées ou tachetées de noir ou de rouge. La moitié porte des toisons grises ou noires, & l’autre moitié une laine blanche sans mélange ; une partie a le ventre chauve, tandis que l’autre l’a garni de laine.

Dans la Cerdagne on gouverne les troupeaux comme dans le Valspir & le bas Conflant ; l’espèce en est la même, si ce n’est que les bêtes ont la taille longue de quarante pouces environ, & qu’elles pèsent quelques livres de plus. On fait plus de cas des ventres pelés que des ventres garnis.

Les laines de Cerdagne, du haut Conflant, du Valspir, différent de celles du bas Conflant & de celles de la plaine du Roussillon, en ce que leurs mèches ont plus de longueur & moins de finesse ; elles valent quelques sous de moins par livre, & ne perdent au lavage que la moitié de leur poids.

II. Le Languedoc a de commun avec le Roussillon d’avoir plusieurs sortes de troupeaux, les uns à laine fine, & les autres à laine médiocre ; il est coupé sur toute sa longueur par une chaîne de montagnes assez élevées. La Clappe de Narbonne & les basses Corbières sont au reste du Languedoc, par rapport aux pâturages, ce que sont les Aspres au reste du Roussillon. Il en est ainsi d’une partie du territoire de Béziers les bêtes de ces cantons prennent plus d’accroissement en corsage & en laine, elles ont la taille plus haute & la laine plus longue. Un bon mouton, long de trois pieds, pèsera, gras, trente-six à quarante livres, au lieu qu’un mouton fin des Aspres ne pèsera pas plus de trente livres.

Les bêtes à laine y pâturent pendant toute l’année, excepté dans les temps de pluie, de neige ou de gelées y alors on les nourrit dans les bergeries. Les hautes montagnes du Gévaudan & des Cevennes, servent comme celles du haut Conflant pendant les mois de juin, de juillet & d’août.[1]

  1. Note de l’Éditeur. Cette assertion est malheureusement trop générale pour ce qui concerne les diocèses de Narbonne & de Béziers ; il seroit bien à souhaiter que la méthode