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blême. Mais ce qu’il importeroit de sçavoir au cultivateur, ce seroit un moyen sûr & peu coûteux de les détruire. Lorsque l’automne est un peu chaud, lorsque les bleds sont hors de terre ; enfin, lorsque les froids ne surviennent pas de bonne heure, ces insectes se multiplient à un tel point qu’ils dévorent tous les bleds, & laissent la terre nue. Enfin, on est souvent obligé de resemer. On a conseillé de conduire la volaille sur ces champs, & elle détruit beaucoup d’insectes. Cette volaille endommagera le bled tendre, en le becquetant, en le déterrant, etc. L’objection est vraie jusqu’à un certain point ; mais il vaut encore mieux perdre quelques grains de bleds, & détruire les limaces, qui ne reparoîtront pas dans les années suivantes. Cette opération, utile pour de petits champs, est presque impossible lorsqu’ils sont d’une vaste étendue ; il reste encore la difficulté de conduire la volaille de la métairie sur ces champs, sur-tout s’ils sont éloignés. Un troupeau de dindes est conduit plus facilement, & encore faut-il avoir ces dindes à sa disposition. Tout paroît facile à l’homme qui voit la culture, & qui en parle au coin de son feu. Qu’il y a loin de ses discours à l’exécution ! Lorsqu’un champ est dévasté par les limaces, je ne vois d’autre expédient que celui d’un fort labour. L’animal enterré, périt ; & il reste la ressource de semer dans le temps les bleds marsais.

On a encore proposé de conduire sur ces champs ravagés, une troupe d’enfans, afin d’écraser les limaces. Le moyen est sûr, mais il est coûteux ; & les enfans ne peuvent les chercher que le soir ou le matin : durant le jour elles sont cachées sous les motes de terre, à moins que la journée ne soit humide ou pluvieuse. Ces petits moyens sont des palliatifs ; il n’en est pas de meilleurs que la charrue.

On a beaucoup vanté la chair de la limace & du limaçon dans les bouillons préparés contre la toux essentielle ou convulsive ; contre les maladies de poitrine, etc. L’expérience n’a point encore démontré leurs bons effets. La chair de la limace & du limaçon est peu nutritive, & se digère difficilement par les estomacs foibles.


LIMBE. C’est le bord supérieur de la feuille d’une fleur quelconque. Ce limbe peut être entier, ou dentelé ; ou crénelé, ou cartilagineux, ou bordé de poils, etc.


LIMITE, BORNE, ou BODULE. Ces dénominations admises dans nos différentes provinces, désignent la pierre placée à l’extrémité des possessions des particuliers, & entre la possession du voisin ; c’est-à-dire que la limite est plantée moitié sur un champ & moitié sur l’autre.

La limite est communément un bloc de pierre, de deux à trois pieds de hauteur, sur un pied environ d’épaisseur. Si elle sert de point de démarcation pour quatre champs, ses angles doivent correspondre aux coins de ces champs ; on la taille triangulaire si elle sert à trois champs. Il est essentiel de choisir la pierre à grain le plus dur & le plus serré, afin qu’elle soit moins promptement attaquée par le temps.

« Les Romains, dit M. Dumont dans ses recherches sur l’administra-