Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/386

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plus essentielle encore, lorsqu’il s’agît de garnir des terreins crayeux, argilleux, &c., puisque le but que l’on se propose est de diviser l’intérieur de ce sol, & de le forcer à recevoir l’eau. À cet effet on ouvre, à la distance de huit à dix pieds, un fossé proportionné à la longueur du pivot & au diamètre des racines. S’il est possible de garnir cette fosse avec une bonne terre, l’arbre profitera beaucoup plus. Il faut le couper à un pouce près de terre, afin d’avoir plutôt un taillis qu’un arbre… Si on n’a pas un nombre suffisant de pieds, on peut semer dans ces fosses des noyaux, ils pivoteront insensiblement, ils pénétreront dans le sol. Si chaque année on veut un peu travailler les alentours des fosses, la végétation sera plus hâtive. Enfin, lorsque les branches du taillis auront acquis une certaine hauteur & grosseur, on les couchera dans des fosses profondes qu’on creusera tout autour ; on ne laissera qu’un seul brin dans le milieu, & on le ravalera à un pouce de terre, afin qu’il buissonne de nouveau. Ces opérations, ces mains-d’œuvres sont coûteuses, j’en conviens ; mais elles sont indispensables, pour des gens aisés qui ont dans la proximité de leurs habitations des endroits arides, où les autres arbres ne peuvent venir ; ils proportionneront l’étendue de l’entreprise leurs facultés ; & sans se déranger, ils pourront, chaque année, ouvrir un certain nombre de fosses.

Le produit de cet arbre les dédommagera, à la longue, de leurs avances. Ses branches, un peu fortes, sont très-recherchées par les tourneurs & par les ébénistes, & le pis aller est d’en faire du bois de chauffage, ordinairement très rare dans les pays de craie. On peut citer l’exemple de la Champagne pouilleuse. À l’ombre de ces arbres, l’herbe s’y établira peu-à-peu, & on aura par la suite un assez bon pâturage d’hiver pour les troupeaux. L’avantage le plus précieux est la formation de la terre végétale sur la surface du champ, & la division du sol. Le mahaleb figure très-bien dans les bosquets de printemps ; il fleurit en même temps que le cerisier, & ses grappes de fleurs produisent un joli ester.


MAÏS.[1] Plante graminée, plus connue en France, sous le nom de bled de Turquie, quoique cette dénomination ne lui convienne pas plus que celle de bled d’Espagne, de bled de Guinée, & de gros millet des Indes, puisqu’on en ignoroit l’existence dans ces contrées avant la découverte de l’Amérique.

Les voyageurs les plus célèbres assurent en effet, que quand les Européens abordèrent à Saint-Domingue, un des premiers alimens que leur offrirent les naturels du pays, fut le maïs ; que pendant le cours de leur navigation ils le retrouvèrent aux Antilles, dans le Mexique, & au Pérou, formant par-tout la base de la nourriture des peuples de ces contrées ; que cette plante, dont le port est si imposant & si majestueux, faisoit chez les Incas l’ornement des jardins de leurs palais ; que c’étoit avec son fruit que la main des vierges choisies, préparoit le pain des sacrifices, & que l’on composoit une boisson

  1. Cet article est de M. Parmentier.