Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/484

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feuilles étoient continues à l’arbre, pourquoi celles-là se sépareroient, elles dans une saison, pour être renouvelles dans une autre, tandis que celles-ci sont permanentes & peuvent être regardées comme une extension de l’arbre ; ou plutôt comment s’opéreroit cette séparation aussitôt que les feuilles deviennent des membres inutiles aux plantes » ?

« Si on examine l’extrémité des pétioles des feuilles qui se sont naturellement détachées de l’arbre, on les trouve pour l’ordinaire applatis, plus ou moins évasés, formant une espèce d’empâtement qui s’adapte à la branche à laquelle elles adhéroient fortement : quelquefois aussi ils sont taillés en bisau, en cœur, en croissant ; d’autres, sont creusés en gouttière, &c. ».

» Des stipules & plusieurs glandes accompagnent communément les bords de cette coupe ou insertion, & fournissent par-là aux feuilles une attache plus solide contre les tiges qui les soutiennent. Ceci se remarque sur-tout aux feuilles des arbres fruitiers qui partent de l’aisselle d’un bourrelet ou bouton qui leur sert de support, & qu’elles défendent elles mêmes. C’est dans l’excavation de l’extrémité des pétioles que l’on apperçoit des glandes, des mamelons, souvent entre-mêlés de légères cavités propres à recevoir les petites éminences de la branche, laquelle a réciproquement quelques glandules qui s’adaptent aux cavités pétiolaires. On y voit aussi les aboutissons des fibres ligneuses, tantôt au nombre de trois, plus ou moins, qui se ramifient ensuite, & vont déterminer la forme de la feuille & le nombre de ses nervures. Ces faisceaux fibreux varient suivant la forme & la grosseur du pétiole. Les feuilles du marronnier d’Inde, celles du noyer, du faux acacia, du mûrier, &c, offrent avec évidence cette structure. La désarticulation est encore bien plus sensible sur le conduit dioïque, sur le cotylédon orbiculé, &c. ».

« La plupart des feuilles étant encore vertes, & tenant à l’arbre, y sont si adhérentes, qu’elles paroissent lui être unies par cette espèce d’articulation immobile que les anatomistes appellent harmonie. On n’aperçoit qu’un léger sillon, une fente qui en indique superficiellement les limites. Si, au contraire, l’on examine les feuilles séparées de l’arbre, les éminences & les cavités que présentent leurs extrémités pétiolaires, & qui correspondent à celles des rameaux, elles paroissent constituer une articulation à charnière, ou même une double arthrodie, mais bornée à raison du peu d’étendue du mouvement & des cavités superficielles qui reçoivent les mamelons glanduleux ».

» Presque toutes les feuilles exécutent divers mouvemens : les unes suivent le cours du soleil, se ferment à l’entrée de la nuit ; ce qu’on a appellé sommeil des plantes, (voyez ce mot) & s’épanouissent de nouveau à certaines heures avant, avec ou après le soleil levé, &c. Il en est de même de plusieurs fleurs. Outre les raisons qu’en ont donné les physiciens, les articulations n’auroient-elles pas quelque part à cet épanouissement périodique, & ne le favoriseroient-elles pas ? Il n’est pas jusqu’aux corolles ou pétales des fleurs, qui ne puissent se détacher du calice ou du réceptacle qui les soutient ; ce que l’on remarque sur-tout