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& les cloches, ou les châssis, ou les serres chaudes.

La méthode la moins compliquée est celle pratiquée à Honfleur en Normandie. On choisit, dans un jardin, l’exposition la plus méridionale, la mieux abritée des vents, & qui reçoit le mieux les rayons du soleil depuis son lever jusqu’à son coucher. Si l’abri n’est pas assez considérable, ou le renforce avec des paillassons, &c. Soit pour la totalité du sol destiné à la melonnière, soit pour chaque fosse à melon, la terre forte, neuve & bonne, est préférable à toute autre.

Lorsque les fortes gelées ne sont plus à redouter, c’est-à-dire vers le commencement de mars, on creuse, à six pieds de distance l’une de l’autre, des fosses de deux à deux pieds & demi de profondeur, largeur, longueur & hauteur. Elles sont remplies de fumier de litière, depuis le commencement jusqu’au 15 d’avril, & à coups de massue, ou par un très-sort piétinement, le fumier est foulé couche par couche jusqu’à ce qu’il remplisse la fosse au niveau du sol. La fosse est recouverte par un pied environ de bonne terre mêlée avec du terreau, & le tout est recouvert avec des cloches, dont les verres sont réunis par des plombs, & qui ont presque le même diamètre que la fosse. Cinq ou six jours après, lorsque la chaleur s’est établie dans le centre, & s’est communiquée à la couche supérieure de terre, au point de ne pouvoir y tenir le doigt en l’y enfonçant, on seme la graine, & on l’enterre à la profondeur de quinze à dix-huit lignes, & chaque graine est séparée de sa voisine par trois ou quatre pouces de distance. On met deux graines à la fois dans chaque trou.

Les melons, parvenus à avoir cinq feuilles, en y comprenant les deux cotylédons, ou feuilles séminales, on examine quels sont les plants les plus vigoureux, on en choisit deux pour chaque fosse, & tous les autres sont coupés entre deux terres, &c non arrachés ; alors on retranche la partie supérieure de la tige, avec la feuille qui l’accompagne, en coupant sur le nœud.

Lorsque les plantes auront fait des pousses de huit à dix pouces de long, on les pincera par le bout, pour donner lieu à la production d’autres pousses latérales, que l’on pincera comme les précédentes. Il faut avoir l’attention de couvrir les cloches dans la nuit, avec des paillassons, jusqu’aux premiers jours chauds, dont on profitera pour donner aux plantes un peu d’air.

Lorsque les pousses ne peuvent plus tenir sous les cloches, on les élève de quatre à cinq pouces, & ensuite davantage ; on fouit alors la terre intermédiaire entre les cloches, pour la rendre presque de niveau à la couche du melon.

Lorsque les plantes commencent à donner du fruit, il faut couper une partie de ces fruits pour faire assurer l’autre, & n’en laisser que trois ou quatre sur chaque pied. Lorsqu’ils sont gros comme de petits œufs de poule, il faut arrêter les branches d’où ils partent, & avoir grande attention de couper de temps en temps les petites branches foibles, qui diminuoient la force de la plante. Lorsque les fruits ont à-peu-près vingt jours, on met sous chacun une tuile ou un carreau de terre cuite ; on a soin de retourner doucement les melons tous les quatre jours.

Quand la queue commence à se