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enfin pris le parti de faire de petits cadres en bois, d’y tendre & clouer sur toute leur largeur & longueur, un cannevas peu serré. Le cadre est soutenu contre le dormant de la fenêtre par des viroles, & l’entrée du cabinet est également fermée par une porte volante, faite avec un cadre garni comme celui des fenêtres. Avec un moyen si simple & si peu coûteux, je suis parvenu à avoir cette tranquillité si nécessaire lorsqu’on travaille, & un courant d’air agréable, qui tempère la chaleur de l’été du climat que j’habite. Ce canevas garantit des cousins, bien plus à redouter que les mouches dans les pays méridionaux. On peut au moins laisser les fenêtres ouvertes pendant la nuit, sans crainte d’être assailli & dévoré le lendemain par ces insectes mal-faisans.

La piquure des mouches est quelquefois dangereuse & funeste ; mais c’est accidentellement : consultez les mots Araignée, tome premier, page 600. Un peu d’alkali volatil fluor, ou d’eau de chaux, suffisent pour dissiper l’inflammation.[1]

Si les fenêtres d’un appartement rempli de mouches, restent pendant plusieurs jours de suite fermées, les mouches meurent. Est-ce de faim, ou bien ont-elles besoin de respirer un air nouveau ? L’une & l’autre cause peuvent y concourir, mais la dernière me paroît la plus probable. Quoique la rumination des mouches n’ait pas un rapport direct avec notre objet, ce fait nous a paru trop curieux, & même, à certains égards, trop intéressant, pour le passer entièrement sous silence.

2°. Des mouches relativement aux animaux. L’expérience journalière apprend que les chevaux, les bœufs, les mules, &c. maigrissent à vue d’œil pendant l’été ; les chevaux sur-tout, lorsqu’ils sont persécutés par les mouches. Ils se trémoussent, ils s’agitent, frappent du pied, leur queue est dans un mouvement continuel ; enfin, ils ne sont pas un seul moment tranquilles. Au mot Écurie, tome quatrième, pages 142 & 143, j’ai indiqué le moyen le plus sûr de chasser ces mouches, & de permettre à toute espèce de bétail de manger & de reposer paisiblement. La boucherie de Troyes en Champagne m’a fait imaginer cet expédient : en effet, on n’y voit pas une seule mouche. L’opinion populaire est que Saine Loup leur a défendu d’y entrer ; mais la véritable raison est que cette boucherie est très-longue, très-basse, & orientée du nord au sud, ce qui établit un courant d’air continuel, & les mouches le craignent. D’ailleurs, comme cette boucherie est peu éclairée, on ne voit des mouches, & encore en petite quantité, que dans les boutiques les plus près de la porte ; celles de l’intérieur n’en ont aucune. Si dans cet intérieur on porte des mouches & qu’on les lâche ensuite, elles se hâtent de gagner la porte. Ainsi, un grand courant d’air & l’obscurité sont les meilleurs préservatifs pour l’intérieur.

Lorsque les animaux sortent de

  1. Les Brames, & presque tous les habitans de l’Asie, font un grand usage de la chaux contre les piquures des cousins, & sur-tout des guêpes & des mouches à miel ; ils prennent de la chaux vive un peu délayée, & ils en frottent toutes les parties piquées & tuméfiées ; la douleur cesse sur-le-champ : il reste encore un gonflement que l’on dissipe bien vite par l’application & le lavage avec de l’eau fraîche.