Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/729

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Propriétés. Les feuilles ont une saveur douce & amère, une odeur légèrement aromatique, & désagréable quand elles sont froissées. Toute la plante est vulnéraire, détersive & céphalique ; le suc exprimé des feuilles & des tiges, & leur infusion, contribuent à rendre l’expectoration plus libre, & à diminuer l’oppression dans l’asthme pituiteux, dans la phtisie pulmonaire de naissance, & dans la phtisie pulmonaire par inflammation des poumons.

La Société Économique de Berne a publié dans la collection de ses Mémoires, que plusieurs de ses Membres s’étoient servis avec succès de cette plante dans l’hydrophobie ou rage des hommes. J’ai obtenu également un bon succès de cette plante dans le traitement de plusieurs animaux mordus par des chiens enragés. Malgré ces avantages, cette découverte doit être examinée & suivie avec beaucoup d’attention. On exprime le suc des feuilles fraîches, & on le donne depuis une once jusqu’à quatre ; en poudre sèche, deux à quatre drachmes infusées dans cinq ou dix onces d’eau suffisent. On met du sel en poudre sur la partie mordue, & on applique par-dessus le marc de l’infusion, ou une plus grande quantité : le tout est maintenu par un linge à plusieurs doubles, & ce marc doit être changé deux fois dans les vingt-quatre heures. Mais, comme la chaleur de la partie affectée fait bientôt évaporer l’humidité du marc & des linges, il faut avoir soin de les tenir toujours mouillés avec l’infusion. Au remède extérieur on ajoute l’intérieur, qui consiste à boire plusieurs fois par jour, & à des distances réglées, un verre de l’infusion. Le traitement est le même pour les animaux ; il suffit d’augmenter la dose suivant leur grosseur.


MOUSSE. Je ne m’arrêterai pas à décrire botaniquement les espèces de mousses ; elles sont trop variées. D’ailleurs chacun distingue sans peine des autres plantes, la mousse qui naît dans son pays. Il s’agit seulement ici de considérer cette plante relativement à son utilité ou à ses désavantages.

On confond en général les lichens avec les mousses, quoique ce soient des plantes très-différentes ; mais cette erreur ne porte aucun préjudice à l’agriculture. Les lichens sont des plantes membraneuses, qui s’étendent & sont appliquées comme des feuilles de papier, presque colées contre les arbres, les pierres, &c. Leur couleur ordinaire sur les troncs & les branches d’arbres est jaune, quelquefois brune ou blanche. Ces membranes sont chargées de boutons, & de rugosités. Il est très-difficile de tirer aucun parti avantageux des lichens, excepté dans la teinture & dans la médecine ; ils nuisent beaucoup aux arbres sur lesquels ils végètent.

De l’utilité des mousses. Ces plantes forment presque toujours une masse composée d’un grand nombre de tiges feuillées depuis le bas jusqu’en haut ; mais les feuilles inférieures, privées de l’influence de l’air & de la lumière, se dessèchent, & chaque tige n’est plus feuillée qu’à son sommet. La plante reste toujours verte, & elle est vivace. La chute & la décomposition des feuilles inférieures, établit à la longue sur le sol une couche de terre noire, douce, légère & entièrement végétale ;