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Les mauvaises situations les plus fréquentes qui empêchent l’agneau de sortir de la matrice, sont, 1°. la mauvaise situation de la tête, lorsque l’agneau, au lieu de présenter le bout du museau à l’ouverture de la matrice, présente quelque partie du sommet ou des côtés de la tête, tandis que le bout du museau est tourné de côté ou en arrière.

2°. La mauvaise situation des jambes de devant, qui, au lieu d’être étendues en avant de façon que les pieds se trouvent à l’ouverture de la matrice avec le museau, sont repliées sur le cou ou étendues en arrière.

3°. La mauvaise situation du cordon ombilical, lorsqu’il passe devant l’une des jambes.

Pour changer ces mauvaises situations, le berger, lorsqu’il sent, à l’ouverture de la matrice, la tête de l’agneau, au lieu du museau, doit tâcher de repousser la tête en arrière, & d’attirer le museau à l’ouverture de la matrice ; il est nécessaire qu’il frotte ses doigts avec de l’huile, pour faire cette opération sans blesser la brebis ni l’agneau ; s’il ne voit pas les pieds de devant, il faut qu’il tâche de les trouver & de les attirer à l’ouverture de la matrice ; si les jambes de devant sont étendues en arrière, il faut que le berger tâche de faire sortir la tête, ensuite qu’il essaye d’attirer les deux jambes de devant, ou seulement l’une, pour empêcher que les épaules ne forment un trop grand obstacle à la sortie de l’agneau ; si les jambes de devant restoient étendues en arrière, on seroit obligé de tirer l’agneau avec tant de force, que l’on courroit risque de le faire mourir. Lorsque le berger reconnoît que le cordon passe devant l’une des jambes, il doit tâcher de le rompre sans attirer le délivre, le cordon se rompant de lui-même dès que l’agneau est sorti.

Le délivre est composé des membranes qui enveloppoient l’agneau dans le ventre de la mère ; elles tombent quelque temps après que l’agneau est né. Si le délivre ne sort pas de lui-même, le berger doit le tirer doucement ; s’il le tiroit avec force, il risqueroit de le casser ou de déchirer la matrice, ou d’attirer celle-ci au-dehors avec le délivre ; lorsqu’il est sorti, on l’éloigne de la mère, pour empêcher qu’elle ne le mange.

§. V. Des soins qu’il faut avoir pour la brebis après qu’elle a mis bas. Des moyens à employer pour qu’elle allaite son agneau & qu’elle le soigne. Ce qu’il y a à faire lorsqu’elle fait plus d’un agneau d’une même portée.

Quelques heures après que la brebis a mis bas, il faut lui donner un peu d’eau blanche tiède, du son, de orge ou de l’avoine, & la meilleure nourriture que l’on pourra trouver dans la saison ; on la laisse avec son agneau pendant quelques jours ; tant qu’elle allaite il faut la bien nourrir.

Pour que la brebis allaite son agneau & le soigne, on comprime les mammelons de la mère, c’est-à dire, les bouts du pis, afin de les déboucher en faisant sortir un peu de lait. Il faut prendre garde si la mère lèche son agneau pour le sécher ; & lorsqu’elle ne le fait pas, on répand un peu de sel en poudre sur l’agneau, & on l’approche de la mère pour l’engager à le lécher par l’appât du sel. Lorsque la saison est