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nelle, &c. (Voyez ces mots) On donne le nom de graminées aux trois premières, ainsi qu’à toutes celles qui ont des feuilles longues & étroites, qui poussent un long tuyau, & qui portent un épi : on sème ces herbes séparément, ou plusieurs mêlées ensemble.

Le fromental s’élève à une plus grande hauteur que toute autre herbe des pâturages ; il vient dans toutes sortes de terreins, mais il produit plus d’herbes dans les bonnes terres que dans les mauvaises : on le fauche de bonne heure ; son herbe & son foin sont très-bons pour les moutons.

Les terreins légers conviennent à la coquiole ; elle est fine & très-bonne pour les moutons, tant en vert qu’en sec.

Le ray-grass vient dans les terres fortes & dans les terres froides ; c’est une très-bonne nourriture pour les moutons, mais ses tuyaux sont sujets à se durcir lorsqu’on ne les fauche pas assez tôt.

La luzerne est d’un très-grand rapport dans les bons terreins en plaine ; les terreins humides ne lui conviennent pas. L’herbe & le foin de la luzerne sont très-nourrissans pour les moutons ; mais l’herbe, prise en trop grande quantité, ou lorsqu’elle est mouillée, fait enfler ces animaux, & le foin peut les faire périr de la gras-fondure, (Voyez ce mot) ou d’autres maladies ; il faut le mêler avec du foin ordinaire, du sain-foin ou de la paille.

Les terres douces, grasses & humides, & sur-tout celles que l’on peut arroser, conviennent au trèfle ; il est très-nourrissant, & sujet à peu près aux mêmes inconvéniens que la luzerne, tant en herbe qu’en foin.

Le sain-foin vient dans les plaines ; sur les coteaux & sur les montagnes ; mais il est d’un meilleur rapport dans les terreins qui ont du fond & dans les bonnes terres : il est très-sain, mais trop nourrissant, si on ne le mêle avec de la paille pour le donner aux moutons ; ses tiges sont trop dures lorsqu’on les fauche tard.

La pimprenelle vient dans toutes sortes de terreins, mais elle est d’un meilleur rapport dans les bonnes terres fraîches ; cette plante fortifie les moutons, elle est toujours verte ; on peut la faire pâturer en hiver, & la couper pour la donner aux agneaux dans les auges.

La meilleure paille pour les moutons est la paille d’avoine, parce qu’elle est la plus tendre : celle de seigle vaut mieux que la paille de froment, parce qu’elle n’est pas si dure, & qu’il reste dans les épis quelques grains que l’on appelle des épézones. La paille d’orge barbu peut être nuisible, à cause des barbes qui s’attachent à la laine lorsqu’elles tombent dessus. Les moutons ne mangent que l’épi, le bout du tuyau & les feuilles de la paille. Cette nourriture ne suffit pas pour entretenir un troupeau en bon état, il faut y ajouter quelque chose de plus nourrissant.

Les moutons mangent encore les balles d’avoine, de froment & de seigle, mais ils ne mangent pas la balle d’orge. Quant à ce qui reste de la tige de lin, après qu’elle a été teillée, les moutons mangent cette paille, mais c’est la plus mauvaise de toutes. On les nourrit encore avec des écorces d’arbres, des marrons d’inde & des chaillats. On enlève l’écorce des peupliers, des sapins &