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premiers jours de septembre dans les mêmes paniers & de la manière indiquée ci-dessus. On les range près de quelques murs bien exposés, & on a soin de les mouiller après qu’ils sont semés, ce qu’on continue de faire de deux jours en deux jours, à moins qu’il ne pleuve : peu de jours après ils lèvent, & quand ils ont six à sept pouces, on les rame : vous les laissez profiter pendant la durée du beau temps ; ils se trouvent en pleine fleur un mois après, & la cosse suit de près ; mais comme dans cette saison il arrive assez souvent des gelées qui pourroient les ruiner, il faut alors les approcher de la maison pour être prêt à les enfermer dès que le temps menace, & comme ces sortes de gelées ne sont pas de durée, il faut les mettre vers l’abri aussitôt qu’elles sont passées, & continuer toujours de les sortir ou de les rentrer toutes les fois que le temps change : le fruit commence à être bon à la Toussaint, & des uns aux autres on peut en cueillir jusqu’à noël aussi bons aussi tendres que ceux du printemps, pourvu qu’ils soient toujours bien humectés. Le pois michaud est le seul qui réussisse bien dans cette saison. »

Pourquoi ces pois de l’arrière-saison, quoiqu’aussi bons que les primeurs, sont-ils d’un prix si médiocre, comparés à ceux-ci que l’on vend jusqu’à 100 & 150 livres le litron, mesure qui équivaut à peine aux deux tiers d’une pinte, & qui, après la cuisson, n’en forme pas le tiers. Le tout tient à la difficulté vaincue & à la vanité ; car ces pois si précoces, qui n’ont que la pellicule & très-peu de pulpe, vaudroient à peine six sous le litron un mois après. J’ai vu des particuliers obtenir la même précocité en ne se servant que des couches vitrées, garnies de fumier & de tan ; lorsque leur grand feu étoit passé, ils semoient sur la couche même, ouvroient ou fermoient les châssis suivant le besoin ; s’il survenoit de fortes gelées, ils ranimoient leurs couches par des réchauds, (consultez le mot couche) & couvroient le vitrage avec des paillassons. On peut combiner ces deux méthodes ; la dernière demande dans le cultivateur une grande habitude dans la conduite des couches ; sans cela la plante risquera d’être brûlée.

2. De la culture simple des pois de primeur. Le pois michaud aime la terre douce & même sablonneuse ; il est moins précoce dans les terres franches & noires ; il fruite mal ou point du tout, ou pourrit dans les terres froides & humides. Le domine s’accommode des mêmes terrains que le précéderai ; il résiste mieux dans les terres humides & craint moins le froid que le précédent ; il demande à être semé un peu clair &. l’autre plus épais : il n’y a point de différence pour le pois baron quant au sol.

Tous les pois, en général, n’aiment point à être semés à la même place, & l’expérience a prouvé qu’ils réussissent très-mal, si on ne laisse un intervalle de six à sept ans avant d’en semer de nouveau au même endroit. Toute semence de pois demande à être renouvelée, & on ne doit semer que de la graine d’un an, ou de deux tout au plus, si on l’a conservée dans sa cosse. Lorsqu’on la laisse tremper pendant vingt-quatre heures dans l’eau, on hâte sa germination. Si le cultivateur n’a qu’un espace circonscrit d’abris nécessaires à cette cul-