Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/539

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de force de son tempérament ; car il est des chevaux en qui un régime miellé opère l’effet des purgatifs ; c’est ainsi qu’un mélange d’une livre de miel dans un picotin de son, ou une égale quantité de son & de miel cuits dans suffisante quantité d’eau commune, ont été souvent un laxatif doux & excellent dans certains cas d’altération de flanc, de toux, de dépérissement, de maigreur, occasionnés par la fatigue ; l’usage en ayant néanmoins été interdit à propos après l’espace de cinq ou six jours, & même plutôt, si l’évacuation provoquée a pris fin d’elle-même ; 4°. selon la forme sous laquelle ils sont administrés, les purgatifs délayés prenant toujours moins de temps pour produire ce qu’ils ont à effectuer, que ceux que l’on administre en substance solide ; 5°. selon les doses pour lesquelles il est important de consulter toujours la nature, & qui, trop fortes, rendent l’opération plus longue, & si elles ne la rendent pas plus prompte, peuvent causer des superpurgations pour lesquelles on ne prescrit souvent que trop vainement les adoucissans, les narcotiques, &c. soit en breuvages, soit en lavemens. Du reste, les doses étant trop foibles, ces médicamens cessent d’être évacuans ; la magnésie absorbe, la crème de tartre tempère, ainsi que le nitre, qui de plus est diurétique, la manne est béchique, l’aloès, la rhubarbe sont stomachiques, l’aquila-alba désobstrue, l’élaterium, la pomme de coloquinte, même en une certaine quantité, ne sont que des agens qui incisent & qui fondent puissamment, &c.

C’est d’après cette considération qu’on doit juger du peu de nécessité de se livrer aussi souvent qu’on le fait, dans des vues qui paroissent réfléchies, à de certaines combinaisons que j’estime qu’on peut très-aisément abandonner dans la pratique de la médecine vétérinaire, si d’ailleurs, dans le choix de ces substances qui peuvent se rencontrer, on fait attention aux propriétés altérantes, dont elles sont douées ; ainsi au lieu de leur associer des stomachiques, dans des cas de débilité d’estomac & de mauvaises digestions, on pourroit éviter ce mélange en se déterminant pour les purgatifs stomachiques en eux-mêmes. On en useroit de même en prescrivant la rhubarbe, les myrobolans, &c. lorsqu’on auroit quelque striction à solliciter ; en prescrivant la manne lorsqu’il s’agiroit d’adoucir & de relâcher ; &c. Je ne prétends pas néanmoins interdire toute associations s’il arrivoit que ces remèdes fussent insuffisans, ni prohiber celle des fébrifuges pour déraciner des fièvres qu’on ne peut vaincre autrement ; celle des sudorifiques, quand il s’agit d’atténuer & de diviser fortement des humeurs répandues çà & là, comme dans le farcin, &c.

Dans l’administration des purgatifs, ainsi que de tous breuvages quelconques administrés avec la corne, il faut user au surplus d’une prudence à laquelle on ne manque que trop communément, soit en maintenant trop long-temps & sans relâche, les animaux dans l’attitude forcée où l’on est obligé de les mettre pour leur faire avaler le breuvage, soit en vidant sur le champ & coup sur coup des cornes entières dans leur bouche, par la crainte de perdre une portion de la liqueur, & au risque de suffoquer l’animal, ce à quoi il seroït