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» J’ai examiné nombre de fois, dans l’épi verd, de petites coques ou tumeurs. Ces coques étoient vertes, tendres & très-petites. Je les ai examinées dans tous les états de maturité, & j’y ai toujours observé une telle constance de faits, qu’ils forment la démonstration la plus complette de la vraie nature animale de ces petites anguilles… Si on ouvre des coques vertes, tendres & pas mûres, avec des aiguilles courbes & tranchantes ; que l’on n’offense point la cavité interne, & qu’on y laisse tomber quelques gouttes d’eau, on y voit des serpens gros, vivans, mouvans & remplis de vrais œufs & de petites anguilles. Ces serpens sont des colosses en comparaison des anguilles que l’on trouve dans le même grain plus adulte & plus mur ; & dans le grain cornu ordinaire, sec & noir, ces serpens sont les véritables mères des anguilles microscopiques, si renommées de l’ergot ; & en observant bien, on parvient jusqu’à les voir jeter les petits œufs par une partie bien visible, peu équivoque, & qui en caractérise le sexe parfaitement… Les œufs étant pondus, il est aisé de voir à travers la petite peau qui les enveloppe, la petite anguille repliée en plusieurs nœuds & mouvante ; & les observant comme l’on doit, on voit enfin les petites peaux se déchirer, les petits serpens vivans en sortir & nageans dans l’eau. Outre les mères, il y a d’autres serpens vivans qui sont d’un tiers plus, gros que les anguilles mères. C’est avec raison qu’on les croit mâles générans, d’autans plus qu’ils ont un corps gros, conique, mobile à la partie inférieure du corps, qui les fait juger tels… Dan les gains même attaqués des deux maladies d’ergot & de nielle, il y a les mâles & les femelles qui pondent des œufs, d’où sortent les anguilles de la même manière que nous venons de le dire. Il est donc certain que les petites anguilles de l’ergot sont de vrais animaux. »

L’ergot ne se présente pas toujours sous une forme alongée comme une corne. Dans cet état, ses suites sont moins redoutables, parce qu’il est aisément séparé du bon grain au moyen des cribles ; mais souvent il n’est ni plus gros, ni plus long que le grain ordinaire, & alors il est plus multiplié que le premier, plus difficile à séparer, & par conséquent plus dangereux, lorsque ses débris se trouvent en certaine quantité mêlés avec la farine. Avant de parler de ses effets funestes, il importe de faire connoître une autre maladie du seigle.


Section II.

Du dessèchement de l’épi du Seigle.

On voit souvent avant la récolte, des épis desséchés, tandis que les voisins, & souvent ceux des chaumes qui partent de la même touffe, ne le sont pas. On en recherche la cause & on ne la trouve pas, parce qu’on n’observe pas exactement. Un insecte est encore la cause du dégât. Von-Linné l’appelle Phalœena pyralis secalis, & le décrit ainsi : alis griseo-suscis, striatis, macula reformi A latim inscripta. La chenille a seize pieds ; elle est brillante, lisse, longue d’un ponce, de la grosseur d’une plume de pigeon, avec dix raies transversales rouges ; la tête est ferme, arrondie, tachetée sur les côtés. Chaque stigmate est