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à cause du mauvais air qu’ils respirent. Plus ils seront au large, mieux ils réussiront. Voilà une vérité que l’expérience confirme chaque année, rarement il y a des vers malades lorsqu’ils sont au large. N’avez-vous de la place que pour une once de graine, n’en mettez pas deux : vous aurez plus de cocons avec cette seule once, qu’avec deux. J’aurai de la peine à convaincre le simple habitant des campagnes, qui dit, que deux onces donnent plus de vers à soie, qu’une. Cela est vrai, s’il a un emplacement pour cette quantité.

SECTION V.

Du quatrième âge, depuis la fin de la troisième mue, jusqu’à la fin de la quatrième.

Observez à cet âge, comme à tous les autres, la même propreté pour les vers, & ayez soin qu’ils soient au large. Plus ils grossissent, plus ils exigent d’attention relativement à l’air qu’il est nécessaire de renouveler, parce qu’ils en vicient beaucoup plus, puisque leur corps augmente de volume considérablement. Ils en respirent une plus grande quantité, que dans les âges précédens. Il faut changer la litière tous les jours, ou tous les deux jours au moins. Leurs excrémens augmentent en raison de leur nourriture & du volume de leur corps. Or étant beaucoup plus gros, & mangeant considérablement, la litière doit augmenter de même. Toutes circonstances égales, plus les vers sont au large & tenus avec propreté, mieux ils se portent ; par conséquent on peut attendre qu’ils feront de très-beaux cocons.

Au sortir de la quatrième mue le ver a 20 ou 22 lignes de longueur. Sa tête est grosse, son corps gros & ramassé, & le dernier anneau épaté. Il paroît un peu couleur de chair, mais il s’éclaircit deux ou trois jours après, lorsqu’il commence à entrer dans la grande frèze ou brisse.

Section VI.

De la grande frèze ou brisse.

Pendant les deux ou trois premiers jours après la quatrième mue, on donne les repas plus abondans de quatre en quatre heures. On a dû réserver pour cette époque la meilleure feuille & la plus nourrissante, telle que celle des vieux arbres, plantés dans des terreins secs, qui cependant fournissent une bonne végétation. Quelquefois la grande faim du ver à soie, qu’on appelle brisse, se manifeste le second jour après la mue. Il ne faut pas la provoquer par une chaleur trop forte, j’en dirai la raison ; alors il n’y a plus de règle ni d’économie ; satisfaites l’appétit des vers, donnez-leur autant de feuilles qu’ils peuvent en manger ; mais ayez soin de changer fréquemment la litière ; j’en ai déja dit la nécessité. Cet appétit dévorant dure quelquefois pendant sept ou huit jours, mais il est beaucoup plus fort pendant les derniers.

La grande faim des vers est en proportion de la chaleur qu’ils éprouvent : si celle de l’atelier est maintenue à vingt-cinq degrés, ils se hâteront de manger, mais ils resteront un jour ou deux de moins