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neste dans les fermes où l’on ne prit aucune précaution.

Moyens de guérir la maladie du sang.

Quoiqu’il soit généralement vrai que la maladie du sang tue les bêtes à laine aussitôt qu’elle les attaque, j’en ai vu quelquefois qui en paroissoient menacées d’avance, & auxquelles il étoit utile d’appliquer des remèdes convenables. On doit préférablement, dans ce cas, faire usage de la saignée, plutôt à la tête que dans d’autres parties du corps, afin de ne pas gâter la laine ; mais il faut n’en attendre du succès qu’autant qu’elle est employée de bonne heure, avant que l’engorgement soit fait dans le cerveau. M. Daubenton conseille de la pratiquer à une veine qui est au bas de la joue, à l’endroit de la racine de la quatrième dent mâchelières, la plus épaisse de toutes. (Voyez l’article Saignée où il est traité au long de la manière de la pratiquer dans les moutons) Les autres remèdes qui conviennent aussi, étant plutôt des préservatifs que des remèdes curatifs, se trouveront à l’article suivant.

Préservatifs de la maladie du sang.

Puisque la maladie du sang des bêtes à laine de Beauce dépend, pour ainsi dire, de deux sortes de causes, dont les unes sont éloignées & les autres prochaines, c’est en les arrêtant toutes à leurs sources, qu’on peut espérer d’en prévenir les effets, ou de les rendre peu sensibles.

Les causes éloignées de la maladie du sang, sont la constitution propre des bêtes à laine de Beauce, la nourriture qu’on leur donne, & l’état de leurs bergeries. On doit regarder comme causes prochaines la chaleur du soleil, la sécheresse de l’été, & les épis de froment qui se trouvent dans les chaumes où paissent les animaux lorsqu’ils sent le plus sujets à être frappes de cette maladie.

Pour remédier aux premières, il faudroit changer la constitution des bêtes à laine, leur procurer d’autre nourriture, & corriger les vices de leurs habitations. La constitution primitive n’est susceptible que de quelques modifications ou changemens ; & ce sont les alimens qui peuvent seuls l’opérer. Au lieu donc de ne donner aux bêtes à laine que du froment en gerbe, ou de la vesce en grain, je conseille d’y substituer quelquefois, sur-tout vers la fin du temps où on les nourrit à la bergerie, du son délayé dans de l’eau, ou de l’avoine, moins échauffante que le froment & la vesce. On aura soin que ces animaux ne manquent jamais d’eau pour boire.

M. Daubenton parle d’une espèce de chou qui se multiplie facilement de boutures, & résiste à la gelée. Si des fermiers intelligens vouloient prendre la peine de le cultiver en Beauce, ils en jetteroient de temps temps des feuilles dans les râteliers de leurs troupeaux. On suppléeroit encore aux pâturages naturels dont la Beauce est privée, comme je l’ai déja dit, en employant un plus grand nombre de champs qu’on n’en emploie pour y semer des pois, qu’on feroit manger en herbe. Au reste, je ne propose ces moyens de prévenir les effets des causes éloignées de la maladie du sang, qu’autant qu’après