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longement de l’écorce. Ces folioles membraneuses ont à leur superficie la couleur du sarment, et sont un peu vertes en dedans ; elles recouvrent le bourgeon en forme de toit. Sous cette première enveloppe, il en existe une seconde, formée d’une espèce de matière cotonneuse, rousse, et très-épaisse dans la partie supérieure du bourgeon : elle le couvre jusqu’au point de son insertion au sarment. Cette espèce d’enveloppe feuillée, improprement dite calice du bourgeon, s’entr’ouvre aux premières chaleurs du printemps, et elle tombe quand le bourgeon commence à pousser, c’est-à-dire, à excéder la longueur de ses membranes. Le bourgeon qui doit éclore l’année suivante, est toujours placé à la base d’une feuille. Si le bourgeon est pointu dans son premier épanouissement, il ne produira que du bois et des feuilles ; s’il affecte, au contraire, une forme presque carrée ou ressemblante à deux OO qui se touchent, c’est un bourgeon à fruit. Le bouton de la fleur est même apparent avant que les feuilles aient indiqué la direction qu’elles doivent prendre, avant qu’elles aient commencé à se développer. Il est la première partie réellement distincte dans le bourgeon qui pousse. Des folioles duvetées, et non encore déployées, l’environnent de toutes parts.

Le bourgeon est le rudiment du bois nouveau, des feuilles, des vrilles, des fleurs et des fruits ; il comprend toutes les parties d’une nouvelle plante. C’est sur lui que le vigneron fixe ses plus douces espérances, sur-tout quand il est placé sur un fort et vigoureux courson. L’enveloppe qui le recouvre et l’enferme comme dans une bourse, le garantit de la rigueur du froid pendant l’hiver. La matière cotonneuse qui est en dessous sert encore à garantir le bourgeon des effets des rosées froides, des gelées blanches, pendant qu’il pousse et jusqu’à ce que les feuilles aient acquis assez de développement pour le protéger avec efficacité.

Le Pétiole qui supporte les feuilles est un prolongement de même nature que les parties du sarment. L’expansion ou épanouissement de son extrémité constitue la feuille ; et les fibres du corps ligneux créent les nervures saillantes répandues dans toute l’étendue de la surface inférieure des feuilles. Les interstices de ces nervures sont remplis par un tissu cellulaire ou parenchyme qui est de même nature que celui du sarment, et qui contient des vésicules pleines d’air, et des vaisseaux absorbans. La feuille est recouverte, à l’extérieur, par une épiderme mince, transparente et sans couleur ; sa partie supérieure est souvent lisse et polie, d’un verd plus foncé que l’intérieur ; celles-ci est parsemée d’une infinité de petits trous, et couverte assez communément d’une substance cotonneuse, blanchâtre, plus ou moins épaisse suivant l’espèce de raisin ; elle est rougeâtre dans la feuille du teint ou teinturier. La couleur de la feuille est due au parenchyme verd qu’on découvre sous l’épiderme.