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du rejet que je viens de décrire tout à l’heure. Cette détente correspondroit, au moyen d’une ficelle, jusqu’à l’endroit où seroit caché le chasseur, qui la feroit mouvoir dès qu’il en verroit l’occasion favorable.

Le moment de tendre la pantaine est au coucher du soleil : cette espèce d’affût peut durer une heure au plus. Les mois de novembre, décembre et janvier, sont les plus propices à cette chasse ; un temps calme et sombre, un peu de brouillard, une petite pluie tombée le matin, contribuent encore à la rendre plus fructueuse. Comme l’instant qu’on peut y consacrer est assez court, il faut s’y précautionner contre tout ce qui peut occasionner une perte de temps.

La tendue seule du filet en occuperoit une portion assez considérable, s’il falloit chaque jour grimper aux perches pour y passer ses cordeaux. Quelques personnes préviennent cet embarras en les laissant pendre après les boucles ou portes ; mais cela n’est pas sans inconvéniens ; et le premier de tous, c’est le risque de les trouver enlevés. Il est plus simple, et non moins commode, d’attacher à l’extrémité des cordeaux de simples ficelles qui, quand on retire les premiers des boucles ou anneaux, les suivent, et occupent leur place. Quand cela est fait, on les détache pour plier et emporter le filet avec ses cordes, et les ficelles seules restent passées dans les portes. On peut alors les ramasser en peloton, et les cacher dans les branches, ou dans quelque creux des deux arbres, d’où on les retire le lendemain pour s’en servir à hisser les grandes cordes du filet.

La pantaine contre-maillée diffère de la précédente, en ce qu’elle est faite de trois filets posés l’un sur l’autre : l’un, qui occupe le milieu, est le même que celui de la pantaine simple, et s’appelle la nappe ; les deux autres se nomment aumées, sont à mailles carrées, et de deux pouces et demi de diamètre. On a long-temps attaché, au cordeau qui enlarme le côté supérieur de ce filet, de petites bouclettes, ou même des anneaux qui, enfilés sur une autre corde fortement tendue, étoient destinés à le faire jouer comme un rideau sur sa tringle. Une ficelle attachée à l’un des coins servoit à l’étendre dans toute sa longueur. La corde sur laquelle il jouoit étoit arrêtée du côté opposé, au moyen d’une espèce de fourche ou croissant de fer, fiché horizontalement dans l’arbre qui sert à tendre la pantaine. Un petit morceau de bois, noué en travers à une longueur convenable, s’engageoit sur les cornes de ce croissant. Lorsqu’une bécasse venoit à donner dans le filet, le chasseur, placé sous l’arbre, dégageoit le petit bâton, et, au moyen de ce détraquement, le filet retomboit en se plissant comme un rideau. Mais, la difficulté d’obtenir des bouclettes qui jouassent toujours bien sur leur corde, a fait renoncer à cette méthode d’employer la pantaine contre-maillée ; et on la tend aujourd’hui par ses deux coins, comme la pantaine simple. Le seul avantage qu’il y ait à préférer ce filet au précédent consiste en ce que, boursant davantage, il présente à la bécasse, qui a engagé ou le bec ou un pied dans ce triple réseau, plus de difficulté pour s’en débarrasser.

Il me semble aussi qu’on pourroit facilement placer au milieu de l’allée le détraquement du croissant, eu le faisant mouvoir sur un pivot, de manière qu’en inclinant ses cornes contre terre, à côté du filet, elles engageassent et arrêtassent, au moyen de deux boucles, l’extrémité des cordeaux qui le tendent, et que le chasseur n’eût qu’à lâcher une