Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettre la chemise aux meules ; on couvre ensuite la meule d’une épaisseur de cinq à six pouces de litière pour l’abriter du contact de l’air et lui conserver son humidité chaude ; après quoi on l’arrose légèrement tous les jours avec l’arrosoir à pomme, dans les temps chauds.

Lorsque le temps est favorable, c’est-à-dire lorsqu’il fait une chaleur modérée, que les pluies sont douces et chaudes, et que l’air est imprégné d’humidité, le blanc de champignon ne tarde pas à s’étendre, et à passer du fumier de la meule dans l’enduit dont elle est revêtue ; et bientôt il donne naissance à des groupes de petits champignons qui couvrent souvent toute la surface de la couche. Si, au contraire, il survient des orages violens, accompagnés de coups de tonnerre, des pluies froides ou de petites gelées, les meules à champignons en souffrent beaucoup, les filets sont plus de temps à s’étendre et pénétrer l’enduit, et quelquefois même ils périssent avant d’y parvenir. C’est alors qu’il faut avoir soin de changer la litière qui recouvre les meules, d’en mettre de nouvelle, qui soit sèche, et d’en augmenter le volume en raison du degré de froid de l’air atmosphérique. Cette opération de couvrir et de découvrir les meules, exige de l’assiduité et de l’intelligence, pour la faire à propos, et entretenir constamment le même degré de chaleur dans les couches, ainsi que le degré d’humidité chaude, qui est le principe du développement des champignons.

Les meules à champignons se construisent à l’air libre et dans des caves disposées pour les recevoir ; ces dernières offrent peu de différence dans leur construction ; on les bâtit, on les larde, et on les gopte de la même manière ; mais il n’est pas nécessaire de les faire si fortes ni de les couvrir de litière, parce qu’en ouvrant ou bouchant les soupiraux, et bassinant légèrement le sol, on entretient la température et le degré d’humidité convenables au développement de ces végétaux. Celles qu’on place le long des murs, et qu’on appelle demi-meules, parce qu’elles ne sont effectivement que la moitié d’une meule appliquée au pied d’un mur, soit à l’air libre ou dans une cave, se bâtissent de la même manière que les autres, et n’en diffèrent que par leur forme.

En général, les couches à champignons construites dans des caves sont plus hâtives que celles qui sont faites à l’air libre. Elles se couvrent d’une plus grande quantité de champignons, et durent beaucoup plus long-temps. C’est sur-tout pendant l’hiver qu’elles ont un avantage très marqué sur les autres ; car fort souvent celles qui sont en plein air n’en produisent point du tout lorsqu’il gèle de quelques degrés, tandis que les autres en sont couvertes. Pour cueillir les champignons, il ne faut pas les arracher, parce qu’on enlèveroit en même temps beaucoup de petits individus qui se trouvent sur leur pied ou dans leur voisinage, mais seulement prendre avec les deux doigts et le pouce de la main droite, la tête du champignon que l’on veut cueillir, en le tournant doucement pour l’enlever sans nuire aux autres, tandis qu’avec la main gauche on retient le terreau qui l’environne, et on l’empêche de se déranger. Immédiatement après l’avoir enlevé, ou remplit le vide que le pied laisse dans le terreau de la meule, avec une petite poignée de terre et de terreau humectés, sur laquelle on appuie légèrement la main pour la faire tenir. Pendant l’été, et lorsque la couche est eu plein rapport, on peut cueillir des champignons tous les deux ou trois jours ; mais, lorsqu’elle est sur son déclin, ou qu’il survient des temps froids, il faut attendre plus de temps.

Comme les meules à champignons ne commencent à être en rapport que deux