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si c’est de la soude du commerce qu’on extrait le carbonate de soude, il coûte fort cher : c’est donc du sel marin qu’il faut extraire la soude, pour qu’elle ne puisse valoir que le prix auquel nous l’avons fixée. Cependant, si l’industrie appelée à ce nouveau genre de fabrication n’est pas encore prête, et qu’elle ne puisse, pour le moment, alimenter le commerce, et sur-tout à ce bas prix, de sel de soude, on pourra, en attendant, continuer d’employer la notasse ou la cendre, mais à des doses bien inférieures à celles qu’exige l’ancien procédé. Il est vrai que la potasse et la cendre présentent des inconvéniens ; mais on les atténue en ne coulant pas la lessive, et on ne brûle pas pour cette opération l’énorme quantité de bois qu’elle exige ; car nous ferons notre lessive de cendre à froid, si c’est de la cendre que nous employons.

On se procurera la cendre la meilleure, la plus nette, la plus recuite ; et on la coulera à froid de cette manière-ci.

La cendre mise dans un tonneau, au fond duquel on aura mis de la paille, pour faciliter l’écoulement de la lessive.

On bouchera le trou destiné à cet écoulement : on mettra à la surface de la cendre un petit panier d’osier, ou une mauvaise toile pour recevoir l’eau, dont on ne mouillera la cendre que peu à peu, jusqu’à ce qu’elle en couvre la surface ; on laissera le tout dans cet état pendant vingt-quatre heures. Alors on fait couler la lessive, et on remplace la quantité d’eau qui s’écoule par de l’eau qu’on ajoute : on cesse de lessiver lorsque la lessive arrive trop affoiblie.

Si on préfère la potasse à la cendre, on en fait dissoudre dans l’eau une quantité proportionnée à la quantité de linge ; et on opérera, dans l’un et dans l’autre cas, comme si c’étoit une dissolution de sel de soude. Cependant nous observerons qu’on doit au moins diminuer d’un tiers la dose de la potasse qu’on substituera au sel de soude.

Quantités respectives de lessive et de linge. Prenons pour base de nos quantités respectives, cent livres de linge, car nous opérons sur cinq cent livres : nous établissons que cent livres de linge échangé et égoutte conservent un poids égal d’eau, c’est-à-dire cents livres : voilà donc cent livres d’eau que cent livres de linge échange apportent à la lessive. Cette eau va se confondre à la lessive, va en faire partie. La quantité de lessive que nous ajouterons sera du quart du poids de l’eau apportée : ainsi, pour cent livres de linge apportant cent livres d’eau, ce sera vingt-cinq livres, ou douze pintes et demie de lessive.

De ces douze pintes et demie, le linge en retiendra les deux tiers, ou huit pintes, et les quatre autres pintes s’écouleront dans la chaudière. Celle quantité des deux tiers de lessive que le linge égoutté absorbe et conserve pendant l’opération, paroît considérable, sur-tout le linge étant parfaitement mouillé, puisqu’il apporte son poids d’eau. Cette absorption des deux tiers tient à la grande viscosité que donne à la lessive le peu de savon qu’on y a dissous, en sorte que le linge est tout à la fois dans un bain de vapeur et dans un bain d’eau tenant en dissolution du sel lixiviel et du savon.

Comme nous avons opéré dans notre expérience, sur cinq cents livres de linge et qu’il nous a apporté cinq cents livres ou deux cent cinquante pintes d’eau, le quart de la lessive à ajouter a été de cent vingt-cinq livres, ou soixante-deux pintes et demie d’eau, dont les deux tiers environ vont à la chaudière, après avoir traversé le linge. Cette quantité d’eau n’est pas tellement rigoureuse, qu’on ne puisse négliger les fractions ; mais voilà les proportions.

De la macération du linge dans la lessive. Le linge ainsi passé à la lessive,