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cheurs la traînent ; elle décrit alors, dans le sens horizontal, une courbure, dont le creux est tourné vers les pêcheurs qui, après avoir traîné leur filet pendant quelque temps, le relèvent, en rapprochant et réunissant l’une à l’autre les deux ralingues, et en renfermant les poissons dans le contour ou l’enceinte circulaire que l’on forme par cette manœuvre.

Pour l’ordinaire, les pêcheurs cherchent une petite anse, peu profonde, au fond de laquelle ils se réunissent, et, saisissant les deux ralingues de la senne, ils la tirent à terre. S’il ne se trouve pas d’anse à portée du lieu de la pêche, les pêcheurs d’un des bords de la rivière, attachent le bras qu’ils tiennent à un piquet, et ceux de l’autre bord lient l’autre bras à une pierre, et la jettent à leurs camarades ; puis, remontant la rivière et tirant le bras, ils font décrire une courbe au filet, ramènent ce même bras vers celui qui est attaché au piquet, et tirent le filet à terre.

Si la rivière ou toute autre nappe d’eau a beaucoup de largeur, des pêcheurs se mettent dans un petit bateau avec le filet, tandis que d’autres restent sur un des bords et tiennent l’un des bras ; ceux du bateau rament pour traverser le courant, et jettent en même temps la senne à l’eau, pli à pli, jusqu’à ce qu’ils soient arrivés à l’autre bord ; après que le filet a été traîné, les pêcheurs qui ont le bateau de leur côté ramènent sur le bord opposé le bras qu’ils ont conservé ; et, réunissant leurs efforts à ceux de leurs compagnons, ils amènent le filet en place.

Les pêcheurs tendent quelquefois un tramail par le travers de la rivière, à l’endroit où ils se proposent de terminer le trait de la senne ; le poisson, que ce dernier filet effraie et pousse, va se jeter et se prendre dans le tramail. (S.)


SENNETTE, (Pêche.) C’est une très-petite senne, que les pêcheurs traînent dans les rivières et les étangs ; elle est ordinairement garnie d’une perche à chacune de ses extrémités, et ces perches servent à la porter et à la traîner. (S.)


SOPHORA DU JAPON, (Sophora Japonica Linn.) grand arbre de pleine terre, de la famille des légumineuses.

Fleurs, en grappes, d’un blanc tirant sur le jaune ; nombreuses.

Feuilles, ailées, à folioles nombreuses et ovales.

Fruit. Légume long, polysperme, articulé ou resserré entre chaque semence.

Port. Tige droite, lisse, d’un beau vert, rameaux pendans, divergens.

Lieu. Le Japon.

Usages économiques. Cet arbre s’élevant à une grande hauteur, et ayant un accroissement très-rapide, est classé parmi les arbres exotiques destinés à restaurer les bois, ou à orner les avenues ; ainsi puisque l’agriculture est de nos jours l’occupation chérie de beaucoup de personnes, autrefois étrangères à ce genre de spéculation, et que l’impulsion heureuse des bons esprits vers l’étude et la pratique de cet art s’étend aussi sur les forêts qu’il est évidemment utile d’augmenter en France, par des forêts artificielles, il faut indiquer un arbre utile sous plusieurs rapports, placé par M. Thouin sur le tableau des arbres étrangers, susceptibles de s’acclimater parmi nous, et de se confondre dans nos arbres forestiers indigènes.

Le sophora a un accroissement rapide, s’élève à plus de soixante pieds de hauteur, et est particulièrement recommandable pour former des avenues, par la surface polie et vernissée de son épiderme que les animaux respectent ; par la gaîté de son feuillage, l’élégance de ses rameaux, et la majesté de son port. Cet arbre est depuis long-temps chéri des amateurs de jardins de luxe, qu’il décore d’une manière très-distinguée, et dans lesquels il a été traité avec les soins particuliers qu’on prodigue toujours aux étrangers, jusqu’à ce qu’ils soient habitués au pays auquel ils doivent s’attacher. Ainsi, l’histoire des premiers temps de naturalisation du sophora au milieu de nos jardins