Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/649

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noire, comme dans l’homme, est grisâtre et se détache du douzième au quatorzième jour.

De la fausse vaccine. Tels sont les caractères qui distinguent le vrai vaccin, tandis que dans la fausse vaccine, il n’y a point d’aréole, le liquide est transparent, et il n’y a point du tout de dépression au centre.

MM. Huzard et Tessier ont observé la fausse vaccine chez M. Saint-Genis, membre de la Société d’Agriculture de Paris, cultivateur à Pantin. M. Jadelot et M. Fromage l’ont vue à Champigny, près Saint-Maur, sur les vaches de M. Bagot. L’une et l’autre ont été inoculées sans succès.

Inoculation avec diverses matières. M. Godine jeune a pris la matière de la petite vérole sur un enfant, l’a inoculée à deux brebis, et il s’est développé une éruption semblable en tout au claveau.

M. Voisin a inoculé la vraie vaccine à une vache avec le virus vaccin du mouton. MM. Godine jeune, Chaumontel, Soulard et Langlois ont inoculé la vraie vaccine à des moutons, avec la matière prise sur d’autres moutons.

M. Valentin, docteur-chirurgien à Nancy, a inoculé la vraie vaccine à deux chèvres, à un chien, à une ânesse ; il prouve que la vaccine étoit vraie, parce que chaque fois il a pris la matière vaccinale de ces animaux, et qu’il l’a inoculée avec succès à des enfans[1].

Le docteur Jenner attribue l’origine de la vaccine à la matière des eaux aux jambes des chevaux, (en anglais greas) transportée par les mêmes hommes qui, en Angleterre, chez beaucoup de cultivateurs, ont la tâche de panser les chevaux et de traire les vaches. Ceux qui ont quelque coupure ou quelque égratignure aux doigts gagnent plus facilement la vaccine.

Le docteur Woodville a inoculé sans succès à des vaches, les eaux aux jambes du cheval, prises à diverses périodes de la maladie. Simmons n’a pu non plus faire naître la vaccine sur trois vaches inoculées avec la matière des eaux aux jambes. Enfin, M. Péarson rapporte qu’il a vu la vaccine se manifester dans plusieurs fermes, quoiqu’il n’y eût point de chevaux ; et dans d’autres, quoique les chevaux de la ferme n’eussent point les eaux aux jambes, et que le domestique qui avoit soin de traire les vaches ne touchât jamais les chevaux.

Cependant, le docteur Jenner est tellement persuadé de cette cause, qu’il ne craint pas d’assurer que, « par-tout où l’on trouvera un cheval, un homme, une vache et une laiterie, on trouvera la vaccine. »

M. Coleman, professeur au collège vétérinaire de Londres, a essayé plusieurs fois sans succès de donner la vaccine à une vache, avec le pus du greas[2].

D’un autre côté, M. Godine jeune a inoculé de la matière des eaux aux jambes à une vache, et a déterminé aux mamelles huit boutons aréolaires qui, dans l’espace de quinze jours, passèrent successivement par les divers degrés qu’on remarque dans les boutons vaccins de l’homme.

Il a fait plus, il s’est servi de la matière des eaux aux jambes du cheval pour inoculer douze bêtes à laine, sur lesquelles le vaccin se déclara tellement, que le pus de leurs pustules servit à vacciner trente-six moutons.

Les variétés qui existent dans les eaux aux jambes, et parmi lesquelles les inoculateurs ont pu prendre des matières différentes, ne sont-elles pas cause de l’opposition qu’on observe dans leurs résultats ? Il existe aussi des boutons dans les eaux aux jambes des chevaux. La matière altérée par l’air ambiant et par les vapeurs des excrémens n’est sans doute plus aussi propre à être inoculée ; c’est pour cela que dans cette expérience il nous semble qu’il est convenable de chercher des eaux aux jambes où il existe des boutons, et de saisir le moment où ces boutons sont remplis de la matière bien formée. Alors, on nettoieroit le paturon du cheval avec une éponge imbibée d’eau tiède et après avoir lavé l’éponge et l’avoir pressée fortement, on s’en serviroit de nouveau pour essuyer doucement les boutons remplis de la matière des eaux ; on ouvriroit ces boutons avec la lancette, on

  1. Journal de la Société de Médecine, Tome XII, page 177.
  2. Decarro, page 34.