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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES. — APPENDICE.


2. Un récit inédit nous montre aussi que son monastère était « en Palestine près du torrent » et nous apprend de plus que le genre de monachisme importé par lui près d’Éleuthéropolis était celui du nord de l’Égypte : les moines avaient leur cellule particulière et le supérieur allait les visiter individuellement. Silvain ne faisait en général cette visite que le samedi et le dimanche. Sévère et Anastase suivirent donc la règle générale lorsqu’ils s’isolèrent dans le désert d’Éleuthéropolis jusqu’au jour où le successeur de Romanus vint les visiter (Patrol. Or., t. II, p. 96-97 et 228-229).

Εἶπέ τις τῶν πατέρων[1]· ὅτι παρὰ τὸν ποταμὸν, πλησίον τῆς ϰώσμης ἔνθα ὁ μαϰάριος Σιλουάνος διῆγεν ἐν Παλαιστίνῃ, ἔμενεν ἀδελφὸς προσποιούμενος μωρίαν· ὅταν γὰρ ἀπήντα αὐτῷ ἀδελφὸς, εὐθέως ἐγέλα· ϰαὶ λοιπὸν ἐϰ τούτου, ϰατελίμπανον αὐτὸν ϰαὶ ἀπήρχοντο. Συνέϐη δὲ τρεῖς τῶν πατέρων παραϐαλεῖν τῷ ἀϐϐᾷ Σιλουανῷ, ϰαὶ μετὰ τὸ ποιῆσαι εὐχὴν, παρεϰάλεσαν αὐτὸν ἀποστεῖλαί τινα σὺν αὐτοῖς, ὅπως θεάσωνται τοὺς ἀδελφοὺς ἐν τοῖς ϰελλίοις αὐτῶν. Καὶ λέγουσι τῷ γέροντι· Ποίησον ἀγάπην ϰαὶ παράγγειλον τῷ ἀδελφῷ, ἵνα πρός πάντας λάϐῃ ἡμᾶς. Ὁ δὲ γέρων εἶπε τῷ ἀδελφῷ ἐπὶ αὐτῶν· « ὅτι πρὸς πάντας τοὺς πατέρας ἆρον αὐτούς »· ϰατ' ἰδίαν δὲ παρήγγειλεν αὐτῷ λέγων· « Βλέπε μὴ λάϐῃς αὐτοὺς πρὸς τὸν σαλὸν ἐϰεῖνον, ἵνα μὴ σϰανδαλισθῶσι. »

Διερχόμενοι δὲ τὰ ϰελλία τῶν ἀδελφῶν, ἔλεγον οἱ πατέρες τῷ ὁδηγοῦντι αὐτούς· « Ποίήσον ἀγάπην, πρὸς πάντας ἆρον ἡμᾶς. » Καὶ ἔλεγεν αὐτοῖς· « Καλῶς. » Ὁ δὲ οὐϰ ἒλαϐεν αὐτοὺς εἰς τὸ ϰελλίον τοῦ σαλοῦ, ϰατὰ τὸν λόγον τοῦ γέροντος. Ὁς δὲ ὑπέστρεψαν εἰς τὸν γέροντα, εἶπεν αὐτοῖς· « Εἴδετε τοὺς ἀδελφούς ; » Οἱ δὲ εἶπον· « Ναὶ, ϰαὶ εὐχαριστοῦμεν, τοῦτο δὲ λυπούμεθα ὅτι πρὸς πάντας οὐϰ ἀπήλθομεν. » Καὶ λέγει ὁ γέρων τῶ λαϐόντι αὐτούς· « Οὐκ εἶπόν σοι ὅτι πρὸς πάντας ἆρον αὐτούς ; » Καὶ εἶπεν ὁ ἀδελφός· « Οὕτως ἐποίησα, πάτερ. » Πάλιν οὖν ἐξερχόμενοι οἱ πατέρες * ἔλεγον τῷ γέροντι· « Ὄντως εὐχαριστοῦμεν ὅτι εἴδομεν τοὺς ἀδελφοὺς, ἀλλὰ τοῦτο μόνον λυπούμεθα, ὅτι οὐϰ εἴδομεν πάντας. » Τότε ϰατιδίαν λέγει ὁ ἀδελφὸς τῷ γεροντι· « Πρὸς τὸν σαλὸν ἀδελφὸν οὐϰ ἔλαϐον αὐτούς. »

Ὡς οὖν ἀπῆλθον οἱ πατέρες, διαϰρίνας καθ' ἑαυτὸν ὁ γέρων τὸ γεγονὸς, ἀπέρχεται πρὸς ἐϰεῖνον τὸν ἀδελφὸν τὸν ὑποϰρινόμενον τὴν μωρίαν, ϰαὶ μὴ ϰρούσας, ἀλλ' ἠρέμα ἀνοίξας τὸ σισόγριν, αἰφνιδιάζει τὸν ἀδελφὸν, ϰαὶ εὑρίσϰει αὐτὸν ϰαθεζόμενον εἰς τὸ ϰάθισμα, ϰαὶ δύο σπυρίδια, ἕν ἐϰ δεξιῶν αὐτοῦ ϰαὶ ἓν ἐξ εὐωνύμων. Καὶ, ὡς εἶδεν τὸν γέροντα, ϰατὰ τὸ ἔθος

  1. Coislin 127, fol. 136v. Voici le cadre du récit : Un frère qui demeurait le long du fleuve, près du village de Silvain, simulait la folie. Quand un frère le rencontrait, il se mettait à rire jusqu’à ce qu’il partît. Des Pères étrangers viennent trouver Silvain et lui demandent de les faire accompagner pour visiter tous les frères dans leurs cellules. Silvain recommande — à leur insu — de ne pas leur montrer l’idiot, pour ne pas les scandaliser. À leur départ, ils se plaignent de ce qu’on ne leur a pas montré tous les frères. Silvain, voyant qu’ils ont appris, par une sorte de révélation, l’existence de ce frère, va le trouver à l’improviste. Il le trouve assis entre deux corbeilles et lui demande, de la part de Dieu, de lui révéler sa conduite. Le frère lui apprend que durant toute la journée, lorsqu’il a une bonne pensée, il met un caillou dans la corbeille de droite et, lorsqu’il a une mauvaise pensée, dans la corbeille de gauche. Le soir il compte les cailloux et, s’il y en a plus à gauche qu’à droite, il ne mange pas. À ce récit, Silvain, en souvenir sans doute des anges qui ont visité Abraham non loin de là, dit que ce sont aussi des anges qui sont venus le trouver pour attirer son attention sur les mérites de ce frère.