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XXVI. — SUR TIMOTHÉE ÆLURE.



« Examine ce que tu vois là n’aperçois-tu pas sur la prunelle de mon œil comme une cicatrice épaisse ? » — Je répondis : « Oui », — et il me dit : « Dussé-je moi aussi être insensé[1] pour que tu sois convaincu cependant et que tu cesses de m’importuner, il faut que je te raconte comment cela m’est arrivé. Un jour que je m’étais levé de bonne heure, que je veillais et que je m’acquittais du petit office, tout à coup il arriva un homme terrible, effrayant et complètement noir, lequel était tel que le prophète Job représente Satan ; il entra, après avoir traversé la muraille, tenant un grand livre[2] dans sa main ; et en étendant et agitant sa main droite, il s’écria et dit : « Voici le seul qui résiste à ma volonté ; voici celui qui ne m’obéit pas ; accepte du moins maintenant et signe. » — Il poussait et pressait, tout en me menaçant ; et il pensait m’effrayer par sa voix. Mais moi, encouragé et fortifié par le Seigneur, je lui dis : « Ce que tu dis n’aura pas lieu et je ne ferai pas ta volonté je ne serai pas l’adversaire de Dieu ni un rebelle comme toi ; je connais ta faiblesse et tu ne m’effraies ni me terrifies par tes menaces et tes fantasmagories. » À ces paroles il se fâcha et s’emporta, et véritablement comme un serpent et un dragon, il fut plein d’un

  1. Cf. II Cor., xii, 11.
  2. τόμος (tome de saint Léon.)