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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES.



Au temps où l’impie Nestorius était en exil en Thébaïde, je fus envoyé par le comte[1] pour donner de l’argent[2] aux soldats qui y étaient. J’étais ainsi dans la nécessité de converser avec lui et je l’entendis souvent blasphémer. Pendant une de ses conversations, quelqu’un vint lui annoncer qu’on le rappelait en haut lieu et que le courrier[3] chargé de le prendre allait venir aussitôt. Rempli par des pensées d’orgueil et plein de joie, cet insensé dit : « Quoi ? Je n’avais donc pas tort de dire que le Christ n’est pas Dieu et que Marie n’a pas enfanté Dieu[4] ! » — À cette parole, sa langue se détacha et pendit beaucoup en dehors de sa bouche, et c’est en la mordant ainsi qu’il mourut, un jour seulement avant l’arrivée du courrier[5] qu’on avait envoyé dans le but (de le prendre).

D’après ce que disait et affirmait l’abba Théodore, moine, devenu finalement évêque[6], lequel alla dans ce lieu, l’apprit par expérience personnelle et en acquit la certitude, la terre elle-même ne voulut pas recevoir son corps après sa mort, mais par trois fois elle le rejeta, de sorte que les habitants de l’endroit furent obligés de l’envelopper dans une corbeille et de le suspendre au mur[7]. Le bienheureux Timothée inséra le récit de ce fait dans l’His-

  1. Comes.
  2. ῥόγα.
  3. μαγιστριανός.
  4. Nestorius a toujours dit que le Christ est Dieu et homme ; il s’est borné à dire que Marie n’a pas enfanté la nature divine.
  5. μαγιστριανός.
  6. Peut-être Théodore, évêque d’Antinoë. Cf. Land, III, 189, 190, 346 ; Patrol. or., t. II, p. 107, 111.
  7. On fit sans doute courir le bruit que Nestorius avait été enterré à la mode égyptienne, dans un coffre à momie.