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Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 11, trad Golbéry, 1827.djvu/6

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la mer du Sud. On ne voit point sur eux ces figures artistement tracées qui distinguent les habitans de Nukahiva ; c’est tout au plus s’ils présentent quelques traits irréguliers. Il ne faut pas croire non plus qu’il y ait aucune corrélation de la diversité des races à la diversité du tatouage, comme cela arrive chez beaucoup de peuples d’Afrique. On peint beaucoup plus qu’on ne tatoue chez les Brésiliens. Ils se servent ordinairement pour cela d’un rouge ardent tirant sur le jaune, et d’un noir bleuâtre ou bleu foncé tirant sur l’acier ; l’une et l’autre couleur sont composées de sucs végétaux : la première vient de l’urucu (bixa orellana), l’autre de la jenipaba (jenipaba americana). Les hommes se peignent surtout la figure de la première de ces couleurs, et cela depuis le front à la bouche ; toutefois il n’y a pas de règle fixe : d’autres se peignent du haut en bas, moitié en bleu, moitié en rouge ; d’autres encore, tracent des lignes bleues sur tout leur corps, en en exceptant l’avant-bras et le mollet, ou bien ils bordent le bleu foncé d’une lisière rouge, ou enfin la figure seule est peinte en rouge, et l’on voit d’une oreille à l’autre une raie de couleur foncée. On broie les couleurs dans une coquille de tortue. La matière la plus ordinaire pour colorer, est l’ocre rouge, si commune dans le Brésil : les naturels s’en frottent tout le corps ; ils s’en servent pour marquer leur visage de petites étoiles et de petites croix. Les hommes, et surtout les femmes, portent autour du cou des colliers de différentes sortes de noyaux, de graines noires, brillantes, mêlées alternativement de dents de singes ou de bêtes sauvages. Souvent aussi ils ont de semblables colliers autour du front : quelquefois ils se parent de plumes de perroquets qu’ils mettent au cou ou sur la tête. Cependant ce genre de parure n’est pas fort commun ; on le voit plus aux femmes qu’aux hommes, et parmi ceux-ci, c’est surtout aux chefs qu’il appartient. Dans certaines occasions les femmes se parent de toute sorte de petits objets que leur apportent les blancs, tels que chapelets, boutons, toiles peintes ; et même elles s’aident pour leur toilette de petits miroirs. Dans beaucoup de tribus les femmes, dès leur première jeunesse, se serrent les chevilles et les articulations des pieds et des mains, en les liant avec de l’écorce d’arbres, ce qui les rend et plus minces et plus élégantes. Encore un moyen de toilette pour les Brésiliens, c’est de s’arracher le poil de tout le corps. Quelques tribus, particulièrement les Botocudos, se rasent la tête, et ne conservent qu’une touffe de cheveux sur le sommet. Il paraît qu’anciennement cette coutume était plus générale. Les Coroados ont été nommés ainsi par les Portugais uniquement à cause de cela, quoique de nos jours ils laissent croître leurs cheveux et portent une longue queue ou boucle sur l’épaule.

Les Botocudos se distinguent de tous les autres Indiens par les morceaux de bois