Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/28

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66. Tout ceci concernant les relations des amants, je pense que vous l’accepterez comme juste ; mais ce dont nous doutons trop souvent, c’est de l’opportunité de continuer ces mêmes rapports toute la vie durant. Nous les trouvons justes de l’amant à la maîtresse, non du mari à l’épouse. Ce qui revient à dire que nous estimons que nous devons un tendre et respectueux hommage à la femme de l’affection de laquelle nous doutons encore, ou dont le caractère ne nous est que partiellement et vaguement connu ; mais que ce respect et cet hommage ne sauraient plus être rendus à la femme dont l’affection est devenue nôtre entièrement et sans réserves, et dont le caractère a été si bien scruté et éprouvé que nous ne craignons plus de lui confier le bonheur de notre vie. Ne voyez-vous pas combien ce raisonnement est bas, aussi bien que déraisonnable ? Ne sentez-vous pas que le mariage, là où il existe en effet, n’est que le sceau qui scelle le vœu transformant le service temporaire en service éternel, et le caprice amoureux en éternel amour ?

II

67. Mais comment, demanderez-vous, ce rôle de guide attribué à la femme est-il compatible avec la véritable sujétion de l’épouse ? Simplement en ceci, que sa fonction est de guider et non de déterminer. Laissez-moi essayer de vous montrer brièvement comment ces deux fonctions me paraissent devoir se distinguer l’une