Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/36

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limites de sa sympathie à cette histoire qui, au moment même où elle respire paisiblement, vient de se decider pour toujours : à la calamité contemporaine, qui, si elle n’était pleurée, comme cela se doit, par elle, ne revivrait plus dans l’avenir. Il faut qu’elle s’exerce elle-même, en imaginant quels en seraient les effets sur son âme et sa conduite, si elle était chaque jour mise en présence de la souffrance qui n’est pas moins réelle pour être cachée à ses yeux. On devra lui faire comprendre quelque chose de l’insignifiance des proportions de ce petit monde dans lequel elle vit et aime, comparé au monde où Dieu vit et aime. Solennellement aussi on lui enseignera à réagir pour que sa religion ne s’affaiblisse pas à mesure qu’elle embrassera un plus grand nombre d’hommes ; pour que sa prière ne soit point plus languissante qu’elle le serait pour le soulagement actuel de la souffrance de son mari ou de son enfant, alors qu’elle est émise pour les multitudes de ceux qui n’ont personne pour les aimer, « pour ceux qui sont désolés et chargés[1]. »

73. Jusqu’ici je pense avoir rencontré votre assentiment ; — peut-être n’aurai-je pas votre approbation pour ce qu’il m’est absolument nécessaire de dire maintenant. Il est à la vérité une science dangereuse pour les femmes — une science qu’elles doivent faire attention de ne point toucher profanement : celle de la théologie[2]. C’est une chose étrange et misérablement

  1. Livre de prières de l’Église anglicane.
  2. Tout ce passage est particulièrement adressé à des protestantes anglaises. (Trad.)