Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/48

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n’avaient jamais entendu parler de Dieu. Deux sur six croyaient que Jésus-Christ était actuellement sur terre (peut-être auraient-elles pu avoir une idée pire) ; trois ne savaient rien de la crucifixion. Quatre sur sept ne connaissaient pas les noms des mois, ni le nombre des jours de l’année. Elles n’avaient aucune notion de l’addition au-delà de deux et deux et trois et trois ; leurs intelligences étaient absolument vides.

Oh ! vous femmes d’Angleterre ! Depuis la Princesse de ce Pays de Galles jusqu’à la plus modeste d’entre vous, pensez-vous que vos enfants puissent recevoir leur vraie part de bonheur, alors que ceux-ci sont dispersés sur les collines comme des brebis qui n’ont point de berger ? et pensez-vous que vos filles puissent être élevées jusqu’à la vérité de leur propre beauté humaine, alors que les lieux charmants que Dieu fit pour servir à la fois à leur instruction et à leurs jeux demeurent déserts et rouillés ? Vous ne pouvez justement les baptiser dans vos fonts baptismaux profonds d’un pouce, à moins que vous ne les baptisiez aussi dans ces douces eaux que le Grand Législateur fait jaillir à jamais des rochers de votre terre natale — eaux que les païens eussent adorées dans leur pureté et que vous adorez seulement par vos profanations. Vous ne pouvez fidèlement conduire vos enfants à vos autels étroits, taillis par vos haches, tandis que les autels célestes d’azur sombre, les montagnes qui soutiennent le trône de votre île, montagnes sur lesquelles les païens eussent vu les puissances du ciel reposer