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CHAPITRE IV

SAINT-MARC


« Et Barnabé emmena Marc et ils firent voile sur Chypre. »

Si, lorsque les côtes d’Asie s’effacèrent devant ses yeux, l’esprit de prophétie avait envahi le cœur du faible disciple qui s’était dérobé au moment d’agir et que le principal lieutenant du Christ avait déclaré indigne de travailler dorénavant avec lui, quel étonnement eût été le sien en découvrant que dans les siècles à venir, le lion serait le symbole qui le représenterait devant les hommes ? Que son nom, devenu un cri de guerre, ranimerait la colère des soldats dans ces mêmes plaines où lui avait fait défaut le courage du chrétien, et sur cette mer de Chypre — tant de fois et si vainement teinte de sang — sur laquelle, plein de remords et de honte, il suivait le Fils de Consolation ! (Barnabé.)


On ne peut douter qu’au IXe siècle, les Vénitiens entrèrent en possession du corps de saint Marc et firent de lui leur saint patron. Une des mosaïques les mieux conservées du transept nord nous montre la nouvelle découverte de ses reliques perdues dans l’incendie de 976. La mosaïque doit être contemporaine de cet événement; elle rappelle dans son plan, celui de la tapisserie de Bayeux,