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CHAPITRE VI

LA PREMIÈRE RENAISSANCE


J’espère avoir fait entrevoir au lecteur la splendeur des rues de Venise, pendant le XIIIe et le XIVe siècles. Cette splendeur n’était pourtant pas supérieure à celle des autres villes de cette époque. Les anciens monuments de Venise nous ont été conservés par le doux circuit de ses vagues, tandis que de perpétuelles causes de ruine ont effacé la gloire des autres villes, ses sœurs. Seuls, les fragments quon retrouve dans leurs promenades désertes ou aux angles de leurs rues nous montrent des constructions plus riches, d’une exécution plus poussée, d’une teinte d’invention plus exubérante que celles de Venise. Et, bien que, dans le Nord de l’Europe, la civilisation fût moins avancée et que la connaissance des arts y étant plutôt restreinte aux seuls ordres ecclésiastiques, la période de perfection, pour l’architecture privée, y brillât plus tardivement qu’en Italie ; cependant vers le milieu du XVe siècle, chaque ville, à mesure qu’elle parvenait à un certain degré de civilisation, se décorait avec une égale magnificence que modifiaient seulement la nature des matériaux fournis par la région et le tempérament particulier à chaque population. Au moyen âge, on retrouve, dans chaque ville importante, la preuve que, dans sa période d’énergique prospérité, ses rues étaient