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SAINTE MARIE L’ÉGIPTIANNE.

Puis que de ce se repentist
Et dolor au cuer en sentist,
Jà ne les recorderoit puis.
Dame, je qui sui mise el puis
D’enfer par ma grant mesprison,
Getez-moi de ceste prison.
Soviegne-vous de ceste lasse
Qui de péchier toute autre passe.
Quand vous lez vostre Fil serez,
Que vous toute gent jugerez,
Ne vous souviegne de mes fez
Ne des grans péchiez que j’ai fez ;
Mès, si com vous le poez fère,
Prenez en cure mon afère,
Que sanz vous sui en fort berele[1],
Sanz vous ai perdu la querele.
Si com c’est voirs et je le sai
Et par espoir et par essai,
Si aiez-vous de moi merci.
Trop ai le cuer pâle et noirci
De mes péchiez dont ne sai nombre
Se ta douceur[2] ne m’en descombre. »

Adonc s’est levée Marie ;
Près li samble que fu garie.
Si ala la croiz aorer
Que toz li mons doit honorer ;
Quant ot oï le Dieu servise
Si s’est partie de l’église.

  1. Ms. 7633. Var. Merele.
  2. Ms. 7633, Var. Vertuz.