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LA VIE SAINTE ÉLYSABEL.

Toutes resons se lessent dire.
Sachiez, se mon oncle m’esforce
Que je preingne mari à force,
Je m’enfuirai en aucun leu
Où je me ferai .i. tel geu
Que je me coperai le nez :
S’ert li mariage remez,
Qu’il n’ert lors nus hom qui ait cure
De si desfete créature. »

Cil siens oncles la fist mener
A .i. chastel, tant qu’assener
La péust à aucun preudomme ;
Et vous savez (ce est la somme)
D’amer Dieu fist semblant et chière ;
Si n’en fu fausse ne doublière.
Dementières qu’en tel torment
Estoit dementanz si forment,
Vint uns messages qui aporte
Noveles, et hurte à la porte,
Qu’en son pays l’estuet errer
Les os son seignor enterrer
C’on aporte d’outre-mer.
Cele qui tant le pot amer
Rendi grâces à Dieu le père
Et à la seue douce mère
De ce qu’ainsinc l’a conseillié.
De l’errer s’est apareillié :
Vint où li vavassor l’atendent,
Qui les os enterrer commandent
En .i. cloistre d’une abéie.
Or ait Diex l’âme en sa baillie.